Très
souvent, la première approche d'un nouveau groupe intervient
par l'écoute d'un album. Démarche inverse pour Ghinzu
dont l'album Blow avait fait
l'objet d'une unique écoute, dans l'urgence de surcroît,
la veille de leur show case à la Boule Noire.
Pour la pochette, un artwork à l'image de leur univers musical
et de leur positionnement par rapport à la prestation scénique
: des têtes de chevaux cabrés dont on ne sait s'il
s'agit d'une lutte ou d'une parade amoureuse.
Et, en pages intérieures, la photo de cinq jeunes gens aux
visages masqués, la tête, emperruquée à
l'afro, baissée , bière à la main, dont quatre
en costume noir chemise blanche et le cinquième en vêtement
noir avec dragons, pompes pas ad hoc, et des remerciements tous
azimuts même pour les oubliés ("And all the motherfuckers
we got who believe in us and trust the power of the dragon").
Blow est le second album de ce groupe belge formé en 1999,
que l’on dit dans la mouvance de dEUS, comme on le dit de
tous les groupes belges à défaut d’autres références
nationales pertinentes dans ce regsitre, qui se révèle
être essentiellement un groupe hype, entre rock noisy et speed
pop, se jouant de la rock'n roll attitude garage pour opter pour
une insolente variante dandy branché, sex, love and coke,
mais chic et cher en jumbo jet ou au Ritz, après le golf
et les week ends à Dinard.
"Blow", morceau d'ouverture
qui donne son titre à l'album, annonce la couleur et contient
tous les ingrédients caractéristiques de Ghinzu :
les modulations de la voix sexy et maniérée de John
David Israel Descamps alias John Stargasm,
le bien nommé, le prégnant pianoforte, les ruptures
de rythmes avec un goût pour les distorsions et un texte très
branché : (High speed /Defcon/Mental/Gang
bang/Black out/You're not dragster man).
Il est suivi par le tubesque "Do you
read me ?" chantant l'homme objet ("So
I'm just lying on the floor/Eating some coke and silicon /And hope
only for the day/We'll be back at one") qui flirte avec
la poudre blanche comme l'amour dans les nuages avec "Jet
sex" ("Here is the time for
us to know a secret sky for us to go, you've never been before,
oh no/A jumbo jet, just you and me, no parachute, it's pilot free/I'll
never let you fall/Above the clouds, above them all, we draw the
lines with smoke and coke").
Rock rime aussi avec sexe, le sexe omniprésent du tonitruant
et récurrent "I make you love untill
you faint" ou le sexe dans les draps de soie des palaces
avec "High voltage queen (the reign of)"
avec une scansion à la Fun Lovin Criminals
("I was checking out the Ritz hotel, in
the middle of a Paris afternoon/My baby nude, my baby sweet, my
baby got a perfect ass/Electric lips on endless legs, chaotic fury
on breathless heels/My baby goddess is the reign of high voltage
queens").
Et l'amour dans tout ça? Et bien, on le trouve aussi bien
dans la classique ballade pop de "Sweet
Love", sur une voix chaude et rauque qui laisse augurer
du feu sous la glace que dans "The dragster-wave"
("And the sun is going over me/Over your
sex steam battle face/Over minibars and golgot eyes/Your triple
6 carat ass")
L'album se côt avec "Sea-side friends"
sur le nombrilisme des petits gosses friqués ("Imagining
the world/In orbit around their asses/Yes my friend and I/Are debating
about art, golf, porn and cars").
Rien de nouveau direz-vous? Non, bien sûr mais le rock reste
le rock et Ghinzu pourrait bien faire parler de lui !
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