Spectacle musical conçu et mis en scène par Jérôme Savary, interprété par Nina Savary accompagnée par Julien Maurel et Roland Romanelli.
Jérôme Savary avait besoin, dit-il, par ces temps de crise et ces sinistres six mois électoraux d'un peu d'air frais, air frais qui pour lui est synonyme de vent marin et d'embruns.
Savary l'a voulu, Savary l'a fait avec un spectacle musical autour de la chanson "maritime" intitulé "La fille à marins".
A chacun sa définition de la bouffée d'air frais, mais les chansons mélodramatiques autour de la mer qui prend l'homme et de la femme qui pleure en attendant son retour, ne sont ni de première fraîcheur ni particulièrement propres à divertir l'esprit.
Mais qu'à cela ne tienne, voici déjà longtemps que s'étire la queue de la comète qui a remis sur scène le répertoire des chansons du temps jadis.
Jérôme Savary a donc écumé les compilations de chansons de marins et de bastringue des années 30-50 pour boutiquer un spectacle qui alterne, de manière souvent décousée, chansons et intermèdes
où se côtoient pagnolade avec un pastiche de la fameuse scène entre Marius et Fanny, quelques images du film "Les révoltés du Bounty" avec Errol Flynn, sketches potaches,et dans lequel il a, par ailleurs, injecté, origines obligent, des chansons de Carlos Gardel et une évocation illustrée des desaparecidos largués en mer lors de la dictature en Argentine.
Comme chez les Savary on travaille en famille, c'est une de ses filles, Nina Savary, qui s'y colle pour satisfaire à la nostalgie paternelle. Jolie, gracile comme un Tanagra, elle est dotée d'un joli timbre de mezzo-soprano qui sied au répertoire réaliste mais sa prestation, au demeurant très professionnelle au plan technique, manque singulièrement d'incarnation.
Or, c'est à cela que tient l'impact émotionnel de ce registre. Dès lors, tout risque de passer au dessus du pompon même avec l'accompagnement de la Rolls des accordéonistes du spectacle qu'est Roland Romanelli.
La belle ne paraît pas beaucoup plus à l'aise ni dans les intermèdes où elle semble souvent proche de la sidération face au surjeu du magicien-acteur Julien Maurel, déguisé en marin à la Jean-Paul Gaultier, Barberousse ou Popeye, qui fait office de gagman ni dans ses costumes, de la sirène habillée comme une meneuse de revue au Lido à la sardine qui en attendant de se faire mettre en boîte en passant par la piratesse à laquelle le capitaine Crochet veut absolument faire toucher son poireau.
Jérôme Savary se fait plaisir. Fait-il plaisir à sa fille ? Ceci est une autre histoire. Conclusion : un spectacle pour les inconditionnels du créateur du Grand Magic Circus. |