Qu’il est bon d’être anglais lorsque l’on est musicien. Il faut dire que les british ont à peu près tout inventé dans la musique pop. Issues de sessions live radiophoniques, This is Tunng... Live from the BBC retrace en onze titres la finalement courte carrière de ce groupe qui, vous l’aurez compris, vient de l’autre côté de la Manche.
En 2003, Sam Genders et Mike Lindsay se rencontrent dans un studio londonien et créent Tunng, objet musical hybride folk teinté d’électro. Un premier album, Mother's Daughter and Other Songs, lance leur aventure deux ans plus tard, suivi de peu par l’enregistrement de la première d’une série de sessions radio pour la BBC.
Dès "Take", le titre d’ouverture, on appréhende un peu mieux le concept d’électro folk par l’utilisation foutraque d’instruments et de rythmiques maison inespérées qui se fait évidemment sous couvert d’une pop-folk très limpide. Malgré la pluie et le brouillard inhérent à la vie dans la capitale anglaise, la lumière jaillit de cette musique et on a un sentiment de grands espaces. Ainsi, avec "Tamatant Tilay", on effectue un voyage de plusieurs milliers de kilomètres en compagnie de Tinawiren qui apporte le soleil du Sahara. La guitare acoustique en fil conducteur de ces sessions, les titres se suivent et s’enchainent sans ruptures. Délicatesse, sobriété classieuse, les chansons sont épurées mais émaillées de sons électros.
De nombreuses ballades ponctuent le disque, l’acoustique "Jenny again" doucereuse aux chœurs enchanteurs, le léger "Hustle" au banjo en arrière-plan, l’aérien mais néanmoins profond "With Whiskey" aux frottements de mains malins. Et alors que "Naked in the rain" lorgne mélodiquement du côté d’un "La Isla Bonita", la reprise de Bloc Party, "Pioneers", folkisée pour l’occasion ne dénote pas d’un dièse du reste des compositions originales du groupe. Et puis certains airs sont reconnus mais non vraiment connus, à l’instar d’un "Bullets" tiré de l’album Good Arrows qui a résonné sur les ondes françaises en 2008 et dont, à l’écoute, on se pourfend souvent d’un "Hmmmm, j’connais ça ! C’est qui déjà ?".
Les londoniens savent y faire et offrent avec ces lives radiophoniques une sorte de best-of de leurs quatre albums, cent pour cent naturel. Bien que s’étalant sur plusieurs années (entre novembre 2005 et février 2010), et que le duo se soit transformé en solo suite au troisième disque, l’esprit reste le même, des chansons honnêtes et touchantes, ciselées et ornementées, limpide et sans faute de goût. English, quoi ! |