Cela fait pas mal de temps que, malgré son jeune âge, Pauline de Lassus habite le personnage de Mina Tindle, à la fois one woman band et groupe polymorphe dans lequel on voit parfois l'ex Innocent, JP Nataf. Et de fait, on ne sera pas étonné de trouver JP Nataf dans l'entourage artistique de Mina Tindle. Comme pour lui, les mélodies de la jeune fille suivent de belles lignes claires, soulignées juste comme il faut d'un trait électrique et de quelques "boîtes à musique", permettant notamment de démultiplier la voix ou de donner plus de corps aux guitares, et inversement. Pas beaucoup plus étonnant que l'univers de Mina Tindle ait pu croiser celui de Beirut, le temps de quelques collaborations et concerts communs.
Paradoxalement, si bien entourée fut-elle, Taranta n'est que son premier album. Il y a bien eu quelques EP, beaucoup de concerts et une reconnaissance rapide au sein d'une certaine catégorie du microcosme artistique parisien (tendance mode et magazine féminin autant que pour un public plus pointu musicalement, fait rare que de concilier les deux) mais la demoiselle a pris son temps. Sans doute celui de trouver un label notamment.
Mais voici donc enfin l'album, fait par conséquent de quelques titres déjà entendu çà et là mais que l'on retrouve avec plaisir cotoyant enfin tout un tas de ses semblables. Même si sur la longueur on ressent un peu une impression de redite dans la conception des chansons, il faut admettre que les morceaux sont beaux et coulent dans nos oreilles comme une eau pure dans nos gorges assoiffées.
"Bells" et "To carry many small things" font partie de ces titres déjà connus (et à découvrir en Froggy's Session ici même) et leur présence en début d'album ressemble à un pari risqué (mais réussi) que de mettre deux des titres les plus marquants dès le départ. En effet, ceux qui connaissent déjà l'artiste n'y verront rien de nouveau tandis que les nouveaux venus à la musique de la demoiselle risquent de rester bloquer sur ces deux très belles chansons et laisser glisser le reste du disque dans une oreille déjà rêveuse.
Mais Mina Tindle réussit pourtant à garder le cap et l'auditeur avec, enchaînant notamment avec "Pan", charmante ballade en français qui fait la part belle à la sonorité des mots, apportant une élégance au chant en français trop rare dans la chanson francophone.
Plus loin "Echo" fait justement écho à Heidi Berry, elle aussi spécialiste des voix atmosphériques et sensuelles. Ce titre apportant un peu d'épur, contrepoint aux couches de voix utilisées sur "Bells" par exemple.
L'album reste néanmoins très riche et très (bien) produit, ne laissant jamais longtemps une voix ou une guitare livrée à elle même.
Au final, Tarenta est un premier disque élégant, soigné, tout en rondeur et en douceur, ce qui en fait autant ses qualités que ses défauts. Le manque d'aspérité pouvant avoir un effet lassant à la longue. Pour autant, Mina Tindle est une artiste talentueuse à suivre et à voir sur scène ! |