Spectacle conçu par Yves-Noël Genod.
Pour ceux qui ne connaissent pas Yves-Noël Genod, auteur, metteur en scène et comédien, voir un de ses spectacles relève de l'aventure puisqu'il indique ne jamais savoir ce qu'il va faire sur un plateau avant de se retrouver face au public.
En l'occurrence, pour "Je m'occupe de vous personnellement", il ne sera pas sur scène mais dans la salle où il accueille les spectateurs, qui, au préalable ont découvert que le titre du spectacle était en réalité "Pour public averti" et eu droit à une verre de champagne.
Cet accueil prend effectivement la forme d'un avertissement par lequel il indique que, dans ce spectacle qui est le plus expérimental de Paris, sa démarche est celle d'une tentative de "faire bouger la vie" et d'une recherche pour "inventer un spectacle qui inventerait son public".
Ensuite, c'est parti, sans mode d'emploi, pour près de deux heures, pour ceux qui n'auront pas fait partie du flot hémorragique de la première heure. En réalité c'est la première demie heure la plus éprouvante car le cerveau cherche à comprendre ce qui est censé se passer en fonction de la banque de données et des codes dont il dispose.
Mais pour la plupart, il va tourner à vide. Car c'est un spectacle qui a franchi le 5ème mur, dépassé le stade du théâtre post-moderne, pour aborder une terre inconnue, celle du concept du non-spectacle.
Dépourvu d'intrigue, de situation, de personnages et même de texte, il place le spectateur face à un plateau sur lequel circulent des artistes qui effectuent des micro-actions a priori non-signifiantes, dépourvues de sens logique et de finalité par rapport au lieu, se croisent, échangent quelques mots le cas échéant.
Ainsi, entre autres, Marlène Saldana qui décore les maigres plantes en pot posées côté cour avec des décorations de Noël, Alexandre Styker qui retire le bas et porte des stiletto, Dominique Uber qui ouvre les fenêtres de la salle, Valérie Dréville qui lit des extraits de romans, et Olivier Martin-Salvan qui tente d'accrocher les volets intérieurs. Ce qui donne l'impression de regarder la salle commune d'un asile psychiatrique dans laquelle chacun effectue une action qui n'a - peut-être - de sens que pour lui.
Réservé donc aux passionnés de casse-têtes, aux initiés et aux curieux. Comme disait, "une journaliste culturelle et plus spécifiquement attachée au théâtre" présente dans la salle, et avant même que ne commence le spectacle : "Ca ne va pas forcément me plaire mais il faut connaître" |