Voici déjà venu l'heure de la dernière Master Classe de la saison 2011-2012. Jean-Laurent Cochet l'annonce intense et éclectique. Et elle le fût pour la grande satisfaction du public.
Jean-Daniel Kohler ouvre le feu, et le flot de l'émotion, avec le texte d'une chanson écrite Georges Dor, "La Manic", complainte poético-réaliste à la manière québécoise des années 60 relatant l'ennui d'un travailleur exilé sur les grands chantiers de construction de barrages sur la rivière Manicouagan.
Changement de registre avec Hugues Popot, le "surdoyen du cours" du fait de sa longue assiduité, et Noemi Lakkos une nouvelle élève au délicieux accent d'origine hongroise qui présentent la fin du premier acte de "Pétrus", une comédie de Marcel Achard, auteur prolixe d'une oeuvre que Jean-Laurent Cochet qualifie d'étonnante car consacrée à la peinture la peinture de la bêtise.
Les fidèles de Master Classe qui ont récemment vu "Le lever du Soleil" monté par Priscilla Chéron-Caroni à l'Auguste Théâtre avec ses camarades du cours retrouveront avec plaisir Delphine André et Yves-Pol Deniélou dans la scène de la première rencontre entre Louis XIV et Marie Mancini
Dans la scène dite de révélation qu'est la scène de Louis XIII dans "Marion Delorme" de Victor Hugo, une révélation également avec Fabrice Delorme qui a impressionné le Maître.
La Fontaine, dont les fables constituent la base de l'enseignement dispensé par les Cours Cochet, se devait d'être présent à l'affiche. Si Michaël Hirsch, un des élèves prometteurs, va quelque peu souffrir avec le travail sur les tous premiers vers de "La laitière et le pot au lait", Benjamin Romieux, un nouvel élève dispense de manière exemplaire une fable moins connue que la précédente, "Les grenouilles qui demandent un roi".
Mélissa Barreto, également nouvelle, remporte des éloges avec la longue diatribe de Lucrèce, scène de révélation sur les moyens dramatiques pour les jeunes filles, dans la scène d'affrontement de Lucrèce et du duc d'Este extraite de "Lucrèce Borgia" de Victor Hugo.
Après les nouveaux, des élèves déjà aguerris se confrontent brillamment à la difficulté : Fédérico Santacroce délivre la riche et complexe tirade de Figaro dans l'acte V de "Le mariage de Figaro" de Beaumarchais et Franck Cicurel présente le rôle du soldat mort de "Une fille pour du vent" de Georges Haldas.
Niveau de difficulté accrue avec la poésie que surmontent Julien Morin avec "La ballade de Florentin Prunier" de Georges Duhamel relatant les dernières jours de l'agonie d'un soldat avec sa mère à son chevet, et Vincent Simon avec "Mon rêve familier", un des très célèbres poèmes saturniens de Verlaine.
Ensuite, Jean-Laurent Cochet appelle sur scène deux élèves de ce qu'il nomme affectueusement la section des "ressuscités" avec de jeunes élèves auquel le théâtre permet de surmonter certaines difficultés : le public retrouve Oscar Lembeye qu'il connaît déjà avec une version customisée de la fable "La besace" et découvre Jacques Ibranosyan dans un fragment de poème de Alfred de Musset, "Sur la poésie" figurant en appendices dans le recueil "Poésies Posthumes".
Et c'est Raoul Fokoua qui conclut de manière flamboyante la soirée avec la très difficile tirade du coq extraite de "Chantecler" de Edmond de Rostand, considérée comme une métaphore du travail du comédien. |