Sub Pop s'offre une réédition des quatre premiers albums de feedtime (à écrire rigoureusement sans majuscules). Une excellente occasion de revenir sur l'une formations australiennes les plus cruellement oubliées de l'histoire musicale.
Ça avait quelque chose de la noirceur punky d'un Nick Cave et son Birthday Party, la rage bluesy des Beasts of Bourbon, l'empressement des Feelies, la gaucherie un peu guindée des premiers Joy Division. Bref : c'était les années 80 et l'électricité s'était trouvé bien des moyens d'expression débordants. feedtime, c'était un rock abrasif, déjà quelque peu noise, hallucinatoire, laissant pousser sur le charnier du blues de biens vénéneuses fleurs. Une transe urbaine décadente, écorchée.
L'histoire de feedtime s'est écrite entre 1982 et 1989 autour de trois musiciens qui se contentèrent de leurs prénoms (Rick, Tom et Al) pour signer quatre albums : feedtime (a.k.a Cameron ; 1985), Shovel (1986), Cooper S (1988) et Suction (1989). En 1996, le groupe se reforma encore dans un lineup modifié le temps de Billy, album souvent négligé.
La réédition des albums, nécessaire et attendue par toute une armée (silencieuse, souterraine, mais bien réelle) de fanatiques du groupe, est une bonne chose en soi. Même si Sub Pop s'est senti obligé de le faire sous forme de coffret, dans lequel on retrouvera, outre l'intégralité des quatre albums originaux, plusieurs titres rares (singles et compilations). Les collectionneurs noteront aussi qu'il existe une version vinyle du coffret, limitée à mille exemplaires (et pourvu d'un code permettant de télécharger les versions numériques de titres). Largement de quoi, donc, entretenir la légende discrète de ces perdants magnifiques, hérauts d'un rock sombre, décadents et savoureux. |