La journée de samedi, sur le papier la moins alléchante musicalement parlant, commence par deux belles surprises : le soleil est à nouveau présent et le français Rover, dont le beau premier album avait déjà retenu notre attention, justifie une heure durant tout le bien que l'on pense de lui.
Le chanteur au physique atypique (quelque part entre un boxeur poids lourd et Beethoven) et à la voix très belle alterne efficacement les atmosphères, tour à tour planantes et électriques. Il jongle avec les styles, les références et les ambiances si bien qu'on finit par se demander où est-ce qu'on range Rover. On songe ici et là à Pink Floyd, Radiohead, voire Muse (le franco-libanais utilise un peu trop à notre goût sa voix de tête). Grand moment : "Aqualast", génial hymne rock mélancolique comme on en entend trop peu souvent. Confirmation est faite que l'on tient avec Rover un bel espoir pour le rock français.
Après moult hésitations, on finit par se rendre devant la scène Bagatelle (à l'autre bout de l'Hippodrome) pour voir Debout Sur Le Zinc. Sur le chemin, à l'arrêt aux stands, on déplore la perte de notre bouton de bermuda. Le concert de Debout Sur Le Zinc n'arrange rien à notre humeur. On s'ennuie au bout de deux minutes. Notre seuil de tolérance à la chanson française festive étant proche du zéro, on rebrousse chemin pour aller applaudir nos chouchous français du moment : François & The Atlas Mountain. Auteurs en 2011 du plus bel album français de l'année (E Volo Love), le groupe de François Marry réussit également son passage à Solidays. A commencer par "Les Plus Beaux", joué en ouverture et qui porte bien son nom. Même si on ne valide pas les tenues de scène de François et ses 5 musiciens, on s'incline devant l'excellent concert proposé par la troupe, enjoué et dansant, parfait pour échauffer les jambes avant Skip The Use.
Déjà présents à Solidays en 2010 et 2011, les Lillois de Skip The Use ont connu en deux ans une ascension phénoménale. Inconnus ou presque en 2010, révélation en 2011, ils sont cette année une des têtes d'affiche du festival. Finis les petits chapiteaux, c'est sur la grande scène Bagatelle qu'ils se produisent ce soir. A en juger par la foule énorme venue les écouter, les lillois ont bel et bien changé de statut. Surprise à notre arrivée : le 1/4 de finale France - Espagne est diffusé sur les grands écrans et le groupe tarde à arriver.
Le temps de constater que les Français se font confisquer la balle par les Espagnols, les lumières s'éteignent et le show Skip The Use commence. En cinq titres à l’efficacité redoutable (le bombes funk-rock "People In The Shadow", "Antislavery", "Give Me Your Life", "Pil" et le sympathique tube pop "Ghost") la messe est dite, Skip nous a lessivés. La suite du concert, malgré de bonnes intentions (le chanteur Mat Bastard propose de transformer la scène en "squat punk dégueulasse"), voit l'ambiance baisser un peu de pied. Ce qui n'empêche pas le public d'être aux anges. Il ne faut pas être devin pour prédire que Skip The Use va devenir énorme dans les années à venir, à condition toutefois de ne pas s'enfermer dans une formule qui a certes fait ses preuves mais qui risque de s'essouffler.
Après cette belle trilogie française (Rover, François & The Atlas Mountain et Skip The Use), on se dit que le rock français a de beaux jours devant lui. Au contraire de l'équipe de France, menée 1-0 au moment où l'on repart de la scène. On tente tant bien que mal de se frayer un passage pour se nourrir aux stands des Restos du Monde. On repart avec un plat asiatique que l'on déguste assis devant Zebda. Les Toulousains, de retour aux affaires l'an dernier après une parenthèse de plusieurs années, enchaînent leurs succès ("Le Bruit Et L'Odeur", "Y'a Pas d'Arrangement", "Tomber La Chemise", "Le Chant Des Partisans") dans la bonne humeur générale.
Après le très bon DJ set des Bloody Beetroots, ce sont les Shaka Ponk qui déboulent sur la scène Paris. Totalement méconnaisseur de l'univers des français, on est curieux de découvrir ce groupe précédé d'une bonne réputation scénique. Nos espoirs sont vite déçus, tant la débauche d'énergie, d'effets et le jeu de scène outrancier ne font que masquer le vide des chansons.
On part ensuite se ressourcer avec le Nova Club, où l'on retrouve Rémy KolpaKopoul aux platines. Elisa Do Brasil lui succède, mais on n'accroche pas vraiment. On mise tout sur Kavinsky, qui passe à 3h du matin. Le DJ français, propulsé sur le devant de la scène l'an dernier grâce à la B.O. de Drive et à l'excellente "Nightcall" (en duo avec Lovefoxxx, la chanteuse de CSS), ne déçoit pas. En dépit de quelques longueurs, son set électrisant et tout en montagnes russes provoque la ferveur d'un CesarCircusarchi-bondé malgré l'heure matinale. Le public devra attendre la toute fin du concert pour entendre "Nightcall", sur laquelle le DJ a beau jeu de couper le son pour laisser les spectateurs chanter le refrain.
Alors que les premiers rayons du soleil pointent leur nez, nous regagnons la tente pour un repos mérité avant la dernière journée du festival demain. Après 2 jours de beau temps, ce sera l'occasion de vérifier le dicton "jamais 2 sans 3". |