C'était avec une certaine anxiété que l'on regardait les prévisions météo ces derniers jours. Il faut dire que les annonces d'averses laissaient présager un Solidays pluvieux, donc boueux. Bonne nouvelle : le soleil est de la partie, on en vient même à se plaindre de la chaleur dans l'interminable file d'attente du camping.
Pour tuer l'attente, on s'amuse à observer par-ci par-là les différentes stratégies opérées par les festivaliers pour cacher de l'alcool dans leurs affaires avant la fouille. Sur ce terrain, certains rivalisent d'inventivité. Cette année Solidays a eu la bonne idée de programmer les premiers concerts à 18h. On ne vivra donc pas les premiers instants musicaux de cette édition depuis la file d'attente comme cela a pu être le cas dans le passé.
On a même le temps de se poser dans le camping pendant que Bénabar oeuvre sur la grande scène avec ses chansons franchouillardes. On n'écoute que d'une oreille, d'autant plus que l'ancien scénariste de Canal + fait partie de ces artistes qu'on a l'impression de voir chaque année à Solidays.
C'est autrement plus mobilisé et attentif que l'on se rend au concert de Miles Kane - dont l'album Colour Of The Trap a été un des rayons de soleil de l'année passée. Déjà vu en janvier dernier au Casino de Paris (en première partie des Arctic Monkeys), celui qui ressemble de plus en plus à un sosie de Noël Gallagher première période n'a pas baissé le pied depuis.
Enchaînant les morceaux accrocheurs rodés par des mois passés sur la route ("Rearrange", "Kingcrawler", "My Fantasy", "Quicksand", "Counting Down The Days" ou "Colour Of The Trap"), quelques titres inédits pas encore au niveau du reste de la setlist, et une reprise de Dutronc ("The Responsible"), Miles Kane séduit avec ses chansons ultra-référencées. Mention spéciale à un "Inhaler"' étonnant de sauvagerie, et aux excellentes "Rearrange" et "Come Closer".
Tiré à quatre épingles dans son costume bleu et en osmose avec son groupe, Miles Kane livre un très bon concert dans l'indifférence générale. La faute incombe à Selah Sue, qui se produit immédiatement après sur la scène Paris.
On ne présente plus la petite belge qui n'en finit plus de monter et d'écumer les scènes de festivals. Si sa musique n'a rien de révolutionnaire, il est difficile de rester insensible à l'entrain de ses morceaux et au charme de la chanteuse. Portée par des morceaux taillés pour les foules ("This World", "Black Part Love", "Raggamuffin", "Peace Of Mind", "Crazy Vibes", "Crazy Sufferin Style"), une reprise judicieuse ("Lost Ones" de Lauryn Hill) et une belle présence sur scène, Selah Sue remporte aisément les faveurs du public. On attend maintenant de voir ce qu'il adviendra du deuxième album, où la chanteuse sera cette fois-ci attendue au tournant.
La grosse affiche de la soirée est Metronomy, groupe aussi séduisant sur disque qu'il s'avère frustrant sur scène. Comme au festial We Love Green l'an dernier, les anglais ne parviennent pas à insuffler en live une dynamique à leurs morceaux. Si bien qu'on a parfois l'impression d'écouter l'album au grand air. Le groupe est sur la route depuis un an et demi et cela se sent. Si l'on ajoute à ça une setlist qui pêche par quelques longueurs, le bilan est peu reluisant. Reste la magie de quelques titres ("The Bay", "Heartbreaker", "Everything Goes My Way") qui rend le concert des anglais plaisant à défaut d'être enthousiasmant.
On court secouer la tête avec Birdy Nam Nam, quatuor de DJ français pas là pour faire dans la dentelle. Beats syncopés, martèlement de basses, crescendos orgasmiques : toute la panoplie du live électro fédérateur est là. Seule ombre au tableau : le froid de canard qui gagne petit à petit l'Hippodrome de Longchamp.
Les plus courageux ont tenu jusqu'à The Kills, qui joue à 01h sur la scène Bagatelle. Le duo anglo-américain, qui a sorti un très bon quatrième album l'an dernier (Blood Pressures), n'a (presque) rien changé à sa formule gagnante sur scène : Jamie Hince tient la baraque, arrache à sa guitare des riffs stridents et crasseux pendant qu'Alison Mosshart (qui arbore une crinière rougeoyante), tour à tour aguicheuse ou sauvage, feule dans le micro et tient son rôle à la perfection.
La setlist sans faute se concentre sur le dernier disque ("Future Starts Now" et ses tambours, "DNA", "Satellite", "Baby Says", "The Last Goodbye") sans oublier quelques clins d'oeil au passé ("Tape Song"). Fidèles à leur réputation, The Kills ne déçoivent pas et viennent ponctuer avec brio cette première journée de Solidays. Le froid et la fatigue ayant eu raison de notre bravoure, nous faisons l'impasse sur la Nuit Electro en ayant bien l'intention de se rattraper demain. |