Comédie dramatique de Jean-Paul Sartre, mise en scène de Isabelle Erhart, avec Stéphane Armilhon, Alicia Roda, Isabelle Erhart et Gérard Cheylus.
Inutile de gloser sur l’intrigue de "Huis Clos" au demeurant véhiculée par le titre de l’opus sartrien à la fameuse réplique "L’enfer c’est les autres" qui a fait sué tant de générations de lycéens.
Si Dieu est un fumeur de havanes, Jean-Paul Sartre a fait du Diable un garçon d'étage - à qui, en l'occurrence, Gérard Cheylus, avec ses cheveux et sa barbe blanches, prête son beau visage de patriarche - qui accueille doctement les âmes damnées dans un hôtel cossu et les apparie savamment pour une expiation sans terme ni espoir de pardon face au miroir impitoyablement tendu par les autres indifférents à la souffrance morale d'autrui.
Dans le contexte socio-historique des années de la seconde guerre mondiale, il met donc en présence un homme de lettres et journaliste qui rêve du statut de "héros sans reproche" et se trouve confronté, entre autres, à la lâcheté de sa désertion sous couvert de convictions pacifistes, une femme lesbienne qui a toujours su être une damnée par ses moeurs et par son besoin de reconnaissance par le mal et une bourgeoise cupide, coquette et égocentrique qui dissimule sous une apparence de "petite sainte" une femme adultère et infanticide.
La mise en scène de Isabelle Erhart est nerveuse, tendue et effilée comme une lame d'un rasoir au diapason de cet impitoyable jeu de la vérité qui ne cesse de scarifier en prenant soin de ne jamais compromettre le diagnostic vital.
Parfaite dans le rôle de la femme impitoyable et sans concession, elle donne la réplique à Stéphane Armilhon, excellent dans la gravité et la culpabilité dévorante, et à Alicia Roda, à la séraphique beauté qui sied à son personnage de jeune femme monstrueuse.
Avec sa distribution judicieuse, le trio "infernal" remplit parfaitement sa mission. |