Dimanche troisième jours de festival. Avec les conditions de la veille, difficile de dire qu'on a envie d'y retourner. Quand on apprend en garant la voiture que le tracteur qui, la veille, sortait les véhicules enlisés s'est couché pendant une manoeuvre, on craint pour l'état du terrain. De la paille a été étalée partout sur le site qui désormais sent l'étable et le ciel est bas...
Fatigué par les deux précédentes journées, je ne sais même pas si j'ai assisté à la fin du concert de The Aerial ou non.
État second, mais bon état pour le concert de Death In Vegas. Les rythmes puissants, une basse hypnotique bien sale, quelques voix enregistrées dont celle d'Iggy Pop pour "Aisha". Le show est minimal mais très efficace, même en journée. Richard Fearless ne quittera pas ses lunettes de soleil. Le temps gris ne les rendait pourtant pas obligatoires.
Pendant Thomas Dutronc, on va découvrir les fromages normands au stand "Gourmandie" où nous sommes chaleureusement reçus. Le "manouche sans guitare" , que nous préférerions "manouche muet et manchot", ne parvient même pas à gâcher notre plaisir malgré ses chansons sans saveurs, à l'inverse du Pont-L’Évêque. D'autant que le soleil est désormais de la partie.
De Brigitte, on voit une chèvre, des robes brillantes, des musiciens déguisés comme pour un remake d' "Orange Mécanique". On a le droit à la reprise de NTM "Dans ma benz", mais c'est à peine croyable ce qu'on s'en fiche. On cherche encore la musique dans tout ça. Du look et de la scénographie ne suffit pas à faire un concert.
Garbage entre en scène. On était heureux à l'annonce de la reformation mais l'écoute du dernier album a quelque peu douché nos espoirs. Not Your Kind Of People est simplement mauvais. Butch Vig court s’asseoir derrière ses fûts tout en saluant le public. On se demande où sont les amplis des guitares. Tous habillés de noir, la peau de Shirley Manson brille dans le soleil. Finalement, à l'énergie, Garbage parvient à imposer ses nouveaux morceaux "Sherry Lips" et "Shut Your Mouth" au milieu des désormais classiques "Paranoid", "Queer" ou "Stupid Girl". Quand la rousse écossaise chante "I'm only happy when it rains", on se dit qu'elle aurait dû venir la veille, mais on se demande quand même si elle ne se moquerait pas un peu de nous. Par contre, petit frisson quand elle sussure "I go to sleep" des Pretenders.
Belle prestation, pas en finesse mais efficace.
Impossible pour moi de parler de Camille car c'est à ce moment qu'avait lieu la conférence de presse du festival. Il semble cependant que son concert, axé sur sa voix et des instruments traditionnels, créait un contraste bienvenu après Garbage. Quoiqu'il en soit, le succès populaire était, malgré son univers très personnel, au rendez-vous.
Puis vient le temps de Franz Ferdinand dont le nouvel album est prévu avant la fin de l'année. On a à peine le temps d'avaler la surprise de voir Alex Kapranos arborer la moustache, que les tubes s'enchaînent déjà. Un groupe qui peut commencer son concert par un titre aussi populaire que "Matinée" en a sous le capot. Malgré tout, le concert commence doucement. Le public a même le droit à "Universe expanded", probable extrait du prochain album, interprété pour la première fois en public. Quant à la fin du concert, difficile de faire plus enthousiasmant: "Jacqueline", "Take me out", "Ulysses", "Michael" et un medley malin de "Can't stop feeling / I feel love" en hommage à Donna Summer. Nick McCarthy à la guitare est complètement au taquet, tandis que la bassiste Robert Hardy semble plutôt lymphatique. Cependant lorsque les quatre musiciens tapent de concert sur les fûts de la batterie, l'effet est assuré. Franz Ferdinand est certainement le groupe qui a donné le meilleur concert de l'édition 2012 de Beauregard. En rappel, ils se permettent de sortir encore un tube de leur manche, "This fire". Imparable.
Difficile pour les Pony Pony Run Run de passer après la déferlante Franz Ferdinand. Pourtant leur mélange de pop et de musique électro soulève l'enthousiasme du jeune public. En fin de set, le refrain de "Hey you" est entonné par l'ensemble des participants. Euphorisant et bon enfant.
Une quatrième édition du festival "John" Beauregard réussie malgré les conditions météo redoutables et le site rendu impraticable. Les groupes ont souvent réussi à nous faire oublier qu'on pataugeait dans la boue et l'organisation excellente (après les tâtonnements du premier jour). On souhaite maintenant bon courage aux équipes des jardins et espaces verts de la Ville d'Hérouville-Saint-Clair.
Merci à Vianney, Coralie et Emmanuelle. Et on dit déjà "A l'année prochaine, Beauregard !"
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