Il y a des étés qui ressemblent à des hivers, où la pluie succède à la pluie. Le soleil, il faudra alors aller le chercher chez le musicien d’origine japonaise Kishi Bashi (ou K. Ishibashi). De prime abord, on pourrait penser que ce disque fait par le chanteur et leader du groupe de synth-pop new yorkais Jupiter One n’est qu’un assemblage de violon, de boucles vocales pas très éloignées d’un Owen Pallett, Sin Fang ou d’un Andrew Bird. Mais rapidement on se rend compte de la richesse de l’ensemble et petit à petit, ce sont les spectres de Paul McCartney, du swing et du modern jazz, de Brian Wilson, de Sigur Ros, de Son Lux pour la luxuriance des arrangements qui apparaissent.
Mais attention ce 151a (qui signifie selon son auteur : chérie ce moment unique) n’est pas un simple de disque pop ! Son intérêt et sa beauté résident dans le fait que Kishi Bashi parvient à marier ce côté pop à quelque chose de nettement plus progressif, voire avant-gardiste. En cela il rappelle le meilleur d’Animal Collective. Car derrière le lyrisme de cette pop terriblement efficiente se cache un monde d’inspiration, de subtiles variations, d’ambiances nervurées et de textures complexes, où Kishi Bashi articule sa musique avec une certaine aisance voire audace et laisse notre imaginaire divaguer. Impossible de résister donc à des titres comme "Manchester", "Bright Whites" ou le superbe et envoûtant mais tragique "I Am The Antichrist To You" et à ces chansons qui à l’image de ce que fait Alt- J dessinent les contours d’une certaine pop moderne. |