Début en douceur pour cette vingt et unième édition des Vieilles Charrues. Ce jeudi n'avait rien à voir avec la traditionnelle cohue des grands jours, ceci s'expliquant peut-être par l'absence d'une réelle tête d'affiche. Portishead, qui affiche presque vingt ans au compteur, est un peu trop indé pour faire l'unanimité trans-générationnelle d'un groupe comme The Cure. LMFAO ? Voyons… Quand on a quatorze ans, peut-être, sinon…
C'est donc avec Timothée Régnier, alias Rover que cette édition 2012 des Vieilles Charrues démarrent. Look de dandy romantique, silhouette imposante et accompagné de ses trois musiciens, les mélodies doucereuses et vaporeuses de son premier album tourbillonnent dans la grisaille menaçante de l'après-midi carhaisien. Efficace et idéal pour rentrer dans le festival.
Programmés peut-être un peu tôt, les Britanniques de Django Django débarquent sur scène affublés du même t-shirt à motif psychédélique.
Malgré un premier album irréprochable et un succès critique unanime, on sent que le jeune groupe se sent un moment un peu perdu sur la grande scène de Kerampuilh. Cette impression ne sera de courte durée, tant le jeune quatuor impressionne avec sa pop psychédélique un rien barrée. Difficile de ne pas shaker son booty sur l'imparable "Waveforms".
Stuck in the Sound réveille les ardeurs rock 'n 'roll du public en proposant un set bien huilé, à base de riffs à la Nirvana ou Pixies. Les ados venus pour LMFAO n'en croient pas leurs oreilles et par la même occasion, se les décrassent.
On ne restera que pour quelques morceaux de Keziah Jones. Délaissant son style dandy chic pour une tenue superman nigérian (désolé, c'est la seule description que je puisse en faire), exhibant un corps de dieu grec à quarante balais passés, cela ne sera malgré tout pas suffisant pour insuffler l'énergie nécessaire à ce set un peu mollasson.
Direction la scène Xavier Graal pour la prestation de Baadman, petit génie précoce de l'électro et re-mixeur en vue.
A l'aise derrière ses Pioneer, mèche Bieberienne en diable, casquette vissée dessus, sa musique eût été plus à propos en lieu et place de LMFAO.
Il est l'heure de manger et le tube "Tomber la chemise" de Zebda remplit le site. Malgré quelques cheveux bancs et quelques kilos en plus, les Toulousains n'ont rien perdu leur énergie et leur engagement politique.
Tête d'affiche sans l'être, les Anglais de Portishead ont livré le premier grand concert des Vieilles Charrues. Le groupe qui a popularisé ce son si particulier que l'on pouvait entendre à Bristol au milieu des années 90 (le trip-hop ; si vous souhaitez agacer Geoff Barrow et Beth Gibbons) a complètement maîtrisé son sujet en alternant ses "hits" comme "Glory Box" avec les morceaux plus expérimentaux de leur album Third. Faisant partie avec Radiohead des groupes qui soignent leurs visuels sur scène, on retiendra surtout le passage "la crise s'est pas bien" avec des chiffres sur le chômage en Europe et la présence furtive des portraits de Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Un peu facile, mais une goutte d'eau à la vue de la constance esthétique du concert.
Le retour à la réalité sera dur, voire violent. Toute la journée, sur le site de Kerempuilh, on a croisé de drôles d'individus en collants moule-boules, top fluos et cyclistes bariolés, et des cartons sur la tête. Moyenne d'âge : une quinzaine d'années, mais chut, on en a surpris des plus vieux affublés de ce piètre accoutrement.
Me voici donc rendu au concert de LMFAO, lubie teenager du moment qui est à la musique ce que le McDo est la bouffe. D'ailleurs, le "groupe (?)" a préféré se commander un menu Best Of à emporter plutôt que les langoustines fraîches proposées par le restaurant du festival.
Que voulez-vous attendre de tels tristes sires ? Le plus dramatique dans l'histoire, c'est que REDFOO, co-fondateur du groupe, est le fils de Ben Gordy, le fondateur du label Motown. A n'y rien comprendre.
Trois morceaux auront raison de ma patience. Difficile de ne pas râler sur cette vaste supercherie, caprice de gosses de riches qui vendent malheureusement beaucoup (trop ?) de disques. Degré zéro de la musique, costumes ridicules, chorégraphies dignes d'une animation de majorettes à Cambrai. Le chanteur (?) affublé d'un afro ridicule et entouré de deux ou trois bonnasses qui remuent leurs fesses pour le show ne peut s'empêcher de ponctuer chaque morceau de "YEAH… Where are my sexy ladies ?" ou de "Are you ready to party rockin' ?" On a envie de lui dire : "Non, pas maintenant, et surtout pas au son de ta turbine de fête foraine". On pardonnera aux ados de 15 ans maxi ce faux pas musical, certains regretteront dans quinze ans ; comme on peut avoir regretté l'achat d'un 45 tours de Milli Vanilli… Le plus grave étant les 20-35 ans qui dansaient à bloc là-dessus… J'en ai vu pleins… Allez, moi je vais aller party rockin dans mon pieu, Dude… C'est pas le tout, mais demain, il y a comme qui dirait Bloc Party, Metronomy, The Cure… Donc "sorry, REDFOO, for NOT party rockin' tonite"… |