"Avant les Tudor, il y avait les Borgia. Fascinants et cruels." Enfin ! Enfin un roman historique qui parle d’autre chose que de Louis XIV ou Napoléon ! Enfin le passé d’un pays autre que l’Egypte ou l’Allemagne nazie ! Oui, c’est ce que je me suis encore répétée en choisissant ce tome 2 de Sara Poole : Francesca, la trahison des Borgia, suite directe de Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia.
Pour ceux qui n’ont pas suivi, les Borgia sont la famille papale régnante sur le Monde au XVème siècle. Oui, une famille de papes, carrément ! Que je vous explique le contexte, vite fait bien fait. Nous avons appris dans notre antique jeunesse (ou moins antique !) que les papes portent des prénoms pas toujours très jolis : Boniface, Félix, Eugène… (et qui ne sont même pas les leurs) avec un numéro, par exemple : Urbain VI a fait un discours tellement émouvant sur la Terre Sainte qu’il a envoyé au massacre des générations entières de croisés.
Donc, au début, les papes étaient bien à Avignon (la ville avec le pont qu’on y danse, qu’on y danse), un certain Grégoire XI trouvait son palais pas très beau ni très flamboyant de son amour pour son Dieu miséricordieux. Il décide donc de déplacer la papauté à Rome (où il y a plus de place ?). Oui mais Avignon voulait bien évidemment garder son titre de capitale des papes, Urbain VI n’est pas approuvé par le conclave d’Avignon ? Basta ! On va le papiser à Rome et mettre Clément VII à Avignon (ce dernier et ses illustres successeurs sont actuellement qualifiés d’antipapes, mais l’époque, ils étaient papes à part entière). Bref, it is the Grand Schisme. Qui en verra d’autres puisque Rodez, Pise et la Savoie vont aussi se mettre à élire des papes, ce qui fera jusqu’à trois papes simultanés !
Ah ! La Renaissance ! Quelle époque ! Au bout du compte, après quelques guerres et moults palabres (ce sont des gens civilisés tout de même ! Allons !), la papauté se retire à Rome, qui craignait un peu dans sa Chapelle Sixtine et son Eglise Saint-Pierre (mais avec un vieux Colisée tout pourri dont tout le monde se fichait à l’époque).
Mais ce n’est pas fini, c’est à cette période encore trouble qu’il faut accrocher le premier roman de Sara Poole, Empoisonneuse à la cour de Borgia, où les sombres machinations et les meurtres quotidiens permettent à Borgia d’accéder au trône papal sous le nom d’Alexandre VI. La suite est évidente : vu les moyens utilisés pour sa fin, Borgia s’attend à ce que la concurrence lui pique sa place (de préférence en utilisant les mêmes subterfuges au cyanure que lui !).
"Ce deuxième tome est dans la lignée du premier"… Je confirme, d’ailleurs, si vous avez lu le premier, ce deuxième est le même. Même scénario, même héroïne (ni plus mature, ni moins nunuche), même méchant (bon, ok, il n’a pas le même nom, mais il réagit exactement de la même façon que son homologue du premier volume, je le soupçonne même de plagiat le Morrozzi), même course poursuite dans les échafaudages poussiéreux du dernier centre de luxe en construction, mêmes réflexions sur les amours impossibles entre le romantique Rocco et Francesca (qui perfectionne sa réflexion en se tapant Cesare), même meilleure copine écervelée (qui manque de se faire empoisonner en gobant ses bonbons préférés non vérifiés par un anti-poison, alors que toute la famille est en alerte et qu’un mystérieux inconnu lui fait parvenir un gentil plateau de bonbons… Même Winnie l’Ourson se serait méfié !).
Bref, j’ai été sacrément déçue par ce deuxième volume. Disons donc que Sara Poole n’a pas perdu sa manière de parler du tragique d’une manière très légère (c’est assez cynique au fond, mais pourquoi pas ! ça n’aurait pas été aussi drôle sur le ton du mélodrame !). Seulement, elle n’a pas non plus perdu la trame du roman précédent, parce que même si les nouveaux éléments sont intéressants, elle les a un peu gâchés en les mélangeant en dépit du bon sens…
Sara Poole est-elle tombée dans la facilité d’une Barbara Cartland (un seul scénario, des centaines de livres !) ? Alors que les mêmes ingrédients peuvent donner un résultat différent, un peu comme la Béchamel et la crème anglaise : des œufs, de la farine, du lait, du beurre… Une béchamel pour le troisième Sara ? |