Drame de William Shakespeare, mise en scène de Philippe Penguy, avec Jean-Michel Deliers, Denis Zaidman, Agnès Valentin, Lionel Robert, Emmanuel Oger, Teddy Melis, Laurent Le Doyen, Emilie Jourdan, Géraldine Moreau-Geoffrey et Anne Beaumond.
S'attaquer à Shakespeare, c'est comme défier une montagne. L'imprudent peut être glacé, roulé dans son manteau de neige, abandonné à crier sur la cime.
Au Théâtre du Ranelagh, Philippe Penguy, metteur en scène sans mégalomanie - il n'a même pas mis son nom sur l'affiche quand certains osent écrire "texte de" avant le nom de l'auteur ! - a imaginé un spectacle ramassé, axé sur la mythologie et les caractères de ces grands monstres qui s'entredévorent.
Le roi Duncan d'Ecosse doit le maintien de son trône à deux seigneurs dévoués à sa personne, les généraux Macbeth et Banquo. Mais Lady Macbeth, rongée par l'ambition du pouvoir, pousse son époux au régicide. L'enfer déborde sur terre. Ne reste qu'à de valeureux chevaliers à accomplir leur devoir. Et la justice de régner enfin. Et les méchants d 'être châtiés.
Texte sublime, traduit comme on traduit en ce moment, avec des idées simplettes de simplification, ce Macbeth est porté par des comédiens inspirés, servi par des idées de mise en scène réussies et séduira notamment la jeunesse.
Parmi les meilleurs, Emmanuel Oger, à la présence solaire, à la belle élocution théâtrale, interprète à la fois Banquo et Macduff, très convaincant dans la meilleure scène, celle avec le fils du roi assassiné, Malcolm, alias Teddy Melis qui est très bon souvent, drôle, émouvant, tenant son métier. Lionel Robert est merveilleux: à la foi roi, portier halluciné et Seyton, c'est le comédien à la générosité totale, brillant, inventif, jouissif. Bravo !
Parmi les femmes, Anne Beaumond est une belle et authentique comédienne, émouvante, forte, troublante. Une Lady Macbeth d'évidence. Mais on lui a préféré Agnès Valentin et le public appréciera.
Quant à Macbeth lui-même, Laurent Le Doyen, il est beau, fort et inquiétant, avec une vraie présence. Ce couple "Macbeth", pourtant, peine à s'élever au niveau exigé. Songent-ils à qui ils incarnent et... après qui ?
Les personnages annexes sont amusants: sorcières de dessin animé - esprit d'enfance - mais les travestissements successifs avec petites voix et les combats d'épée de dames lassent un peu (question de coût) tandis que les musiciens jouent correctement.
Toutefois, il y a abus de musique sur le texte : Shakespeare est une musique qui se passe de flonflons superposés.
Malgré ces réserves, il y a de bonnes surprises dans ce spectacle et, encore un fois, les plus jeunes pourront aborder un texte immense grâce à ces qualités propres. Le décor de Sylvain Cahen est réussi et les costumes de Marie-Hélène Répetto simplement sublimes.
La beauté de ce théâtre magnifique participe au charme et la foi de cette vraie troupe emporte l'adhésion. |