Grasscut nous aura permis avec Unearth, leur dernier disque, de voyager cette été de notre salon autour de l’humanité ou presque ! Comme un long travelling, Grasscut explore les nombreuses facettes d’une eletronica planante, et Andrew Phillips nous parle un peu de son disque, de son groupe et de sa démarche musicale qui n’est pas sans rappeler celle du Chapelier Fou…
Pour commencer, comment vas-tu ?
Andrew Phillips : Je vais très bien merci ! Mais je suis très très occupé en ce moment !
Parle-moi de Grasscut : comment est né le groupe, comment vous êtes-vous rencontrés ?
Andrew Phillips : Grasscut est né d'une idée lors d'une tournée avec un autre groupe - par le biais de laquelle j'ai rencontré Marcus. J'enregistrais les sons à l'intérieur des musées ou des conversations de gens pendant mes jours de congés et je faisais de la musique avec mon portable. Marcus et moi avons commencé à en parler, il a envoyé un de mes tous premiers morceaux à Ninja Tune, tout est parti de là.
Et vos influences ?
Andrew Phillips : Elles sont vastes, allant de la musique classique comme Debussy ou Vaughan Williams à la musique anglaise des années 60-70 comme Soft Machine, les premiers Eno, des groupes des années 80 aussi comme Joy Division ou Cabaret Voltaire. Des livres aussi bien sur comme Sebald ou Hardy, les cartes en général et de toutes sortes, et des films, ceux de Powell Pressburger et Chris Marker par exemple.
Comment se déroule l’écriture de votre musique ? A-t-elle toujours un rapport aux voyages ?
Andrew Phillips : Non pas nécessairement ! Je suis plus inspiré par les endroits où je suis passé, les sons entendus lors de mes voyages, et je voyage beaucoup ! Les cloches de Kosice en Slovakie, le vent dans les arbres aux Pays de Galles, des bribes de conversations. J’enregistre tout, et je transforme tout cela en lignes mélodiques pour le piano, les parties vocales, les chansons viennent comme cela. Le texte ne vient que beaucoup plus tard.
Si je te donne une carte de la Meuse et que je t’invite à venir, c’est très vert, calme…
Andrew Phillips : Pourquoi pas, c’est une excellente idée et nous ne connaissons pas ! Nous aimons beaucoup jouer en France… alors donne-nous une date et fais-nous visiter !
Revenons à des choses sérieuses, vous sentez-vous proches de groupes comme le Penguin Cafe orchestra ou John Greaves ?
Andrew Phillips : Oui je le pense. Pour être sincère, je suis très flatté du rapprochement ! C’est une façon de voir le monde, comment ressentir la musique jusqu’au fond des trippes…On pense musique expérimentale, mais en réalité c’est juste la façon comment vous le sentez, comment vous le vivez…
Tu travailles toujours pour le cinéma ou la télévision ? Peux-tu expliquer la relation étroite qui peut être ressenti entre votre musique et de l'image ?
Andrew Phillips : Oui je compose beaucoup en ce moment, j'écris pour des documentaires pour la BBC notamment. Dans les films, tu essaies de donner une dimension sonore aux images, avec Grasscut je suppose que nous essayons de trouver le son, l'atmosphère, la musique pour des paysages ou des endroits précis.
En concert, vous montrez à l'écran les photos des lieux liés à des chansons ?
Andrew Phillips : Oui ! L'idée est de mettre les spectateurs et nous-mêmes aussi dans une certaine atmosphère, une certaine humeur. Nous avons des plans fixes en vidéo où on peut commencer à sentir le vent dans l'herbe, voir un navire passer lentement à l’horizon. C’est l'exact opposé de visuels parfois, souvent tres chargés. Il y a très peu de changements, parfois presque imperceptibles, mais cela a aussi un côté très hypnotique, et c’est aussi quelque chose que nous recherchons.
Comment vous est venue l'idée de versions alternatives ? La chasse au trésor ? Est-ce une façon d'impliquer davantage l'auditeur, d'aller sur place découvrir la musique ? Avez-vous fini par faire des concerts dans ces lieux ?
Andrew Phillips : Quand on fait un disque, on se retrouve avec tout un tas de chansons, de versions de chansons, que pour de nombreuses raisons, plus ou moins valables vous n’utilisez pas. Il aurait été vraiment dommage de les perdre surtout quand il y a Robert Wyatt qui chante dessus ! Nous avons donc pensé les offrir à des personnes dans les lieux qui ont inspirés les chansons et ils peuvent justement découvrir la musique là-bas. Nous l’avions déjà fait, à une plus petite échelle pour notre disque précédent. De nombreux endroits qui ont inspiré Unearth sont des endroits magnifiques et si les gens font l'effort d'y aller, le moins qu'on puisse faire est de fournir la musique. Nous allons faire un concert près de Silent Pool à Surrey, car c'est là que quelqu'un a enfin déchiffré le code.
Enfin, vous pouvez nous donner quelques indices ?
Andrew Phillips : Le seul indice que je peux donner, c'est continuer à chercher et vous le trouverez ! |