Comédie dramatique de Jacques Mondoloni, mise en scène de Robert Valbon, avec Marie Azouz, Wafik Sadaoui et Genséric Maingreaud.
Pour aborder la question palestinienne, Jacques Mandolini a choisi l’évidence d’un "Check Point", ces points névralgiques où l’on comprend mieux qu’avec des mots la réalité de l’occupation israélienne et ses conséquences pour la population arabe.
De part et d’autre de potelets lumineux, que déplace sans aucune vraie logique une espèce de bibendum silencieux en tenue militaire, quittant pour le faire une espèce de guérite surplombant la scène, un homme palestinien et une femme française, unis ailleurs et ici séparés, tentent de comprendre une situation absurde, incompréhensible.
Que pèse leur amour par rapport à cette ligne de partage géostratégique ? Ils ont beau ânonner leur vérité avec une naïveté d’amoureux confondus par la violence de leur séparation, rien n’y fera. Les voilà à la merci d’une oppression niée par les uns exagérée peut-être par les autres.
À un moment, Yacine craque et ses propos, que l’on comprend quand on veut les comprendre, seront considérés comme outranciers parce ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas comprendre. Il dit, il crie, que les victimes sont devenues des bourreaux et que ce que vit Florence en essayant de le rejoindre en est la preuve, la certitude.
Mais c’est justement ces propos qui referment l’autre comme une huître et l’on entend déjà tout le discours bien huilé de ceux qui trouveront le point de départ de Jacques Mondolini très outrancier et totalement manichéen. Et les mots "sécurité", "terrorisme", "ennemi" pourraient surgir de la bouche même du bibendum taiseux s’il se mettait à parler.
C’est le hic désespérant du dispositif concocté par Robert Valbon pour le texte de Jacques Mandolini : il exprime un partage qui pourrait aussi traverser les spectateurs. Les uns seraient convaincus avant même de passer une heure douloureuse dans ce "Check Point", les autres, s’ils venaient, seraient murés à jamais dans une vraie ou fausse indifférence.
Pourtant ce qui est proposé dans "Palestine Check Point" devrait obtenir l’accord sans réserve de tous ces hommes de bonne volonté que convoque ici Jacques Mondolini dont appréciera la belle foi humaniste. |