Dernier jour du Festival International de la Chanson de Granby. Le point d'orgue de cette semaine d'évènements musicaux à Granby au Québec est la finale du concours qui voit s'affronter les meilleurs espoirs de la chanson québecoise. Ce festival a déjà par le passé révélé Isabelle Boulay, Jean Leloup ou encore Pierre Lapointe.
La lauréate de l'édition 2010, Lisa Leblanc, est cette année citée dans six catégories au Gala de l'ADISQ, l'équivalent des Victoires de la Musique en France. Quant au festival, il concourt dans la catégorie d'évènement musical de l'année au Québec.
La présentation de la soirée est assurée par Claudine Prévost, animatrice vedette de la télé.
En ce dimanche 16 septembre, six candidats s'affrontent qui seront départagés par les votes de la centaine de professionnels présents dans la salle.
La première candidate, Marjorie Fiset, 27 ans, originaire de Montréal se présente avec son propre groupe. Assise à son clavier, elle interprète des airs de variété pop. Chanteuse à voix comme le grand public français semble apprécier les interprètes québécois semble les apprécier, elle se lance dans de longues vocalises. Ses compositions n'ont pas encore trouvé leur maturité et ses chansons d'amour manquent de cassures auxquelles s'accrocher. Interprète solide, elle pourrait sans difficulté prendre un premier rôle dans une comédie musicale comme Starmania.
C'est ensuite au tour de Geneviève Morissette, de Saguenay, d'entrer en scène. Les cheveux rouges et accompagnée au piano solo, elle se crée un personnage de jeune femme qui va voir sa psy pour introduire ses chansons. Encore une fois, le registre de la comédie musicale ne semble pas éloigné. Cependant, ses textes sont touchants et servis par une belle voix. Ses chansons sont richement orchestrées et bien rythmées. Elle laisse paraître une personnalité bien marquée et donc un fort potentiel pour l'avenir.
C'est ensuite un rappeur en costard-cravate, Rod Le Stod, accompagné de son acolyte Johnny Danger qui déboulent sur la scène du Palace. Rappeur blondinet, look
Men In Black, fils d'avocat et d'une comédienne, ce montréalais s'est orienté vers la musique après des études en sciences politiques. Sa chanson "Dans le pays où je vis" racontele mal-être au Québec. Les thèmes sont souvent politiques et sociaux abordés sous l'angle du conservatisme, des thèmes éloignés des problématiques françaises mais qui enchantent le public réuni à Granby. Malgré une gestuelle très classique, c'est lui qui remportera le grand prix ce soir-là.
Viennent ensuite Les Gourmandes, quatre jeunes femmes qui chantent à capella "des histoires de filles qui parlent de gars". Elles se sont rencontrées en étudiant le chant jazz. Elles rappellent les groupes des années 50 à la Platters. Belles voix, chorégraphies simples, leurs paroles racontent de petites histoires amusantes avec un vocabulaire actuel. C'est très bien fait même si on ne trouve pas de grande originalité à leur prestation qui rappelle les Puppini Sisters. Elles ont cependant un vrai potentiel en terme de carrière dans des festivals jazz par exemple, car leur tour de chant est parfaitement abouti.
Pandaléon est un groupe de St-Bernardin en Ontario. Bandoléon composé de trois frangins, ils distillent des chansons pop-rock à la Keane. Eliminés en demi-finale lors de l'édition précédente, ils montrent cette année une forte progression autant dans les compositions que dans la manière de tenir la scène. Leur formation claviers / guitare électrique / batterie a de quoi séduire les jeunes filles en fleur.
C'est enfin au tour de Rosy Valland. Cette jeune chanteuse issue de l'école de musique de Granby clôture le 44ème concours organisé par le FICG. Elle est accueillie par de forts applaudissements. Certains, avant la compétition, prévoyaient même sa victoire. A la guitare elle interprètent de charmantes chansons sur les amours adolescentes. Pour terminer, elle rend à travers une composition de son cru hommage à la ville de Montréal suite aux révoltes étudiantes de l'année passée. Malgré sa jolie frimousse, même si sa prestation est totalement pofessionnel, ses compositions manquent encore un peu de maturité. Le grand prix lui échappera de peu.
Dans l'attente des résultats, on profite d'une chanson de Safia Nolin, candidate éliminée en demi-finale qui s'accompagne à la guitare sèche.
Ce sont ensuite les porte-parole du festival, le groupe rap de Nouvelle-Ecosse Radio Radio, qui envahissent la scène. Leur court set commence avec leur dernier single "Galope". C'est festif et explosif. Leurs trois chansons passent bien trop vite.
Puis c'est Chloë Lacan, la chanteuse française qui entre discrètement en scène. Le mélange des genres est une des caractéristiques du Festival International de la Chanson de Granby. Son accordéon la classe tout de suite pour le public québecois comme une représentante de la vraie chanson française, celle que les étrangers imaginent qu'on écoute en France. Sympathique, drôle, en quelques chansons, elle se taille un beau succès devant le public granbyen.
Pendant ce temps, Bernard Adamus présente son second album, sobrement intitulé 2, sous le chapiteau, mais il faudra revenir pour voir ce Tom Waits de la Belle Province.
En quittant Granby, je pense à tous ces artistes talentueux qui défendent la langue française présents sur le festival : Sébastien Lacombe, Mélissmell, Benoît Paradis Trio, Les Soeurs Boulay, Hôtel Morphée, Lisa Portelli, Klô Pelgag, Mansfield Tya, HK & les Saltimbanks, Chloë Lacan, Radio Radio, Lisa Leblanc et les autres... Je me souviens.
Je remercie Pierre Fortier, Jessica Brochu, Isabelle Arseneault et toute l'équipe du festival pour la belle semaine de musique qu'ils ont organisée. |