Bien ancré dans le paysage de la scène française, mais pourtant moins médiatisé que ses acolytes, Daguerre nous revient avec un tout nouvel album, quatrième de la liste, intitulé Mandragore. Ce nom n'en est pas moins approprié : du nom de cette fameuse plante aux propriétés magiques et pouvant, d'après les anciens, guérir de la morosité et des maux de l'âme.
Daguerre apprécie la compagnie et il est en retour fortement apprécié, Cali et Cabrel n'en demeurent ainsi pas moins touchés par la personnalité et la sensibilité musicale de cet artiste, le premier en devient ainsi ami/producteur pour cet album tandis que le second suit de près la carrière de Daguerre et apporte sa contribution dans le titre "Carmen" dont les textes proviennent du poème de Théophile Gautier.
La poésie de Daguerre s'écoule sous des airs rock avec une voix rocailleuse, quelques fois cassée, et une instrumentation puissante au travers de guitares saturées, de riffs emballants et de rythmes bien placés. La voix de Bertille Fraisse, également à l'archer avec son violon, apporte une couleur particulière sur certains morceaux, semblant sortir de la pensée joliment sautillante de Daguerre. La formation agrandie n'en garde pas moins une spontanéité, preuve en est que l'album est enregistré "live" donc par des prises englobant tous les musiciens.
Interprétées avec sincérité, les chansons sont vécues, exposant des états d'âmes et de coeur pas forcément toujours dans la joie mais dans une touchante délivrance. On retrouve parmi ces textes une prose délicatement agencée dont les mots ont chacun leur importance au-delà d'une sonorité bien choisie. Poignant, attachant, troublant, le travail d'écriture et de composition est bien l'oeuvre d'un artiste accompli.
Méritant amplement une reconnaissance auprès d'un plus large public, Daguerre devient avec cet album incontournable dans la chanson française. Mandragore ne fait que confirmer le réel talent d'écriture aussi bien dans les paroles que musicale d'un homme dont on se sent naturellement proche. |