Le mot indolence aurait-il été inventé pour Françoiz Breut ? Sensuelle, mélancolique, enjôleuse, belle d'indifférence, matte et profonde, sa voix laisse choir depuis six albums maintenant la poésie d'une écriture délicate que ne quittent pas ses vrais-faux airs de Dominique A au féminin, avec quelque chose d'un peu rétro en sus. La chirurgie des sentiments reste dans cette droite ligne admirable.
On trouvera ici et là une touche de bossa, un rien d'une ritournelle estivale perdue au milieu de langueurs aériennes, la chaleur moite d'un soir solitaire. Françoiz Breut écrit une musique minimaliste, qui ne dérange pas, une musique qui aura parfois, peut-être, du mal à s'imposer à l'oreille distraite. Mais en a-t-elle cure ? Certainement Françoiz Breut préfère-t-elle continuer à dérouler, nonchalamment, comme pour elle-même, sa discographie plus si confidentielle que ça (qu'on en juge : collaborations avec Dominique A, Calexico, Louise Attaque, Yann Tiersen, Katerine, François & the Atlas Mountains, Angil & the Hiddentracks, mais aussi avec des membres de Little Rabbits, Kat Onoma, Autour de Lucie...).
La chirurgie des sentiments n'apporte rien à la carrière de la chanteuse. Superbe indifférence de plus, qui renforce cette étonnante impression d'autosuffisance : Françoiz Breut ne semble guère se soucier de devoir plaire, encore moins de devoir vendre. Gage qu'elle continue à écrire sous l'impulsion d'une inspiration authentique. L'indifférence des plus grands, tout simplement. La grandeur d'un univers à part entière, dans lequel l'amoureux des mots et des images aura tout intérêt à se laisser glisser avec délice. |