Comédie de Serge Valletti, mise en scène de David Géry, avec Olivier Cruveiller (en alternance Claude Guyonnet) et Christian Drillaud.
Ils sont là. Ils viennent percer le mystère. Chemises amples, pantalons larges et chaussures souples : ils ne sont pas en tenue de scène. D’ailleurs la salle est allumée et plutôt que de se confronter à elle, c’est le lieu où ils se confrontent l’un à l’autre. Lui et sa conscience. Ou l’inverse. Tels le clown blanc et l’auguste.
L’un échafaude un plan, un scénario de crime parfait que l’autre peine à comprendre. C’est l’imaginaire face au bon sens, la folie face à la simplicité. Mais aussi l’auteur face à son double l’acteur. Et les deux compères de converser encore et encore, comme dans une pièce de Beckett.
Avec "Cahin-Caha", texte écrit au départ pour la radio et pour un monologue, Serge Valletti jongle avec les mots, s’amuse avec les rebondissements et flirte avec l’absurde dans un divertissement rythmé doublé d’un joyeux hommage au théâtre.
Olivier Cruveiller et Christian Drillaud, avec une fantastique intelligence de jeu, se renvoient les répliques l’air de ne pas y toucher et composent un duo pittoresque où, dans le ping-pong verbal de Valletti, la moindre inflexion devient lourde de sens.
Ni tout à fait semblables, ni tout à fait différents, dirigés à la perfection par David Géry, ils sont complémentaires en diable. A tel point qu’on pourrait les imaginer interchangeables. Au final, ce qu’ils trouveront sera à la hauteur de leurs espérances mais le suspens restera entier jusqu’au bout.
Un vrai beau duo dans un spectacle insolite et drôle, à venir applaudir d’urgence. |