Première partie où la voix change tout : Thomas Belhom.
Ancien batteur de la vedette britannique qui va suivre, il n'en est pas pour autant un avant-goût : encastré dans un enchevêtrement de percussions, guitare, clavier, ce polyglotte de l'instrument s'accompagne de boucles et bandes sons pour créer une atmosphère sourde mais narrative, riche, bien bien. Sauf qu'en plus il chante.
D'une voix rauque en feulements de lover qui, au vu du contexte, se voudrait peut-être instrumentale, mais qui brise pas mal l'agréable torpeur voyageuse de sa musique.
Seconde partie, où la voix change tout : Tindersticks.
Un public content d'être là, un groupe dont le plaisir est un peu plus discret (euphémisme). Une coupure de l'ampli de Stuart Staples qui permit quelques titres à l'électro-acoustique et peut-être un peu plus de chaleur. Des titres atmosphériques où la voix du chanteur serait la brume, ce qu'on espérait trouver, pour être honnête.
Mais hélas tout s'achève, abrupt, alors que ces morceaux ne demanderaient qu'à mourir infiniment. Sans des étendues de désert, la brûlure - la fièvre ne fait qu'un pot-au-feu qui mijote.
La musique semble désincarnée au sens pauvre, sans ambition, heureusement la tessiture si particulière de Staples, à qui on pardonne même ses échappées à la Reverbman, est là, hante, enveloppe, couverture de courants d'air.
Quand la fée électricité fut de retour sur l'ampli du barbu (ah oui, il est barbu, les cheveux ras et en gilet de costume), on a bien cru retrouver David Bowie sur une autoroute perdue, mais quelqu'un a appuyé sur la touche "bossa-nova" du clavier, et les bras nous en tombèrent dans un bruit mat de dépit.
Alors c'est comme ça, Stuart, tu nous finis sur un air de baltringue sinistre, la copine va venir récupérer le sac qu'on lui gardait, elle n'aura même pas conclu.
Reste aussi la drôle d'image qui est un des logos de leurs produits dérivés, un âne en marche, dont les pattes arrières enjambent une double forme sphérique, il aurait perdu quelque chose. Oui, le monde est cruel. Peut-être que la sobriété aussi.
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