"My skin is black, my arms are long, my hair is woolly, my back is strong, strong enough to take the pain, inflicted again and again". Comment se réapproprier une œuvre aussi intense, riche et affranchie que celle de l’immense Nina Simone ?
Pour autant, que Meshell Ndegeocello reprenne pour son dixième disque le répertoire de Nina Simone semble une évidence tellement son parcours est le digne héritier de la grande chanteuse noire Américaine. Toutes les deux ont en commun cet esprit de liberté, de combat même, aussi bien politique que musical. La liberté de faire rencontrer différentes esthétiques musicales, de faire fusionner le gospel, la soul, la pop, le jazz et la musique classique, mais aussi de vouloir sans cesse souffler un vent d’émancipation, pour les droits civiques, pour l’égalité des femmes, des homosexuels…
Pour une âme souveraine est donc un disque autour de l’œuvre de Nina Simone mais c’est aussi une expérience personnelle et intérieure. Meshell Ndegeocello reconstitue l’œuvre foisonnante et tout en contraste de Nina Simone en piochant entre morceaux célèbres et moins connus, allant de "Please don’t let me be misunderstood" à "Feelin' Good" en passant par "Nobody’s fault but mine", "House of the Rising Sun" mais aussi "Be My Husband", "See Line Woman" ou "Four Women".
Accompagnée de son trio, Parks à la batterie, Brumi aux claviers et Bruce à la guitare, Meshell s’entoure aussi de voix complices comme le bluesman Toshi Reagon, de la chanteuse à la voix soyeuse mais crépusculaire comme peut l’être le Tennessee Valerie June, mais aussi de Cody Chesnutt et de Sinead O’Connor. Plus qu’un simple hommage, Ndegeocello s’approprie chaque titre pour en faire une véritable profession de foi esthétique et un hymne, une antienne à la spiritualité Coltranienne. Negeocello veut dire libre comme un oiseau en swahili, et que cette liberté est belle ! |