Je suis fâché contre les hipsters, et autant le dire, je suis fâché contre moi-même. Ce terme devenu au fil du temps insondable n'a ni queue ni tête, et n'est qu'un paradoxe ambulant depuis que l'underground est devenu mainstream. Alors quel rapport entre l'apparition de cette "catégorie" de personnes à la base marginale qui se revendiquaient du jazz et du be-pop pour être cool, et le concert de ce soir ? Malheureusement aucun. Tant tout cela est illogique depuis bien trop longtemps. Au final je suis fâché contre la hype, voilà qui est plus clair.
Le nom de Rich Aucoin tourne beaucoup depuis la dernière édition du festival de Dour, où sa prestation fut instantanément présentée comme culte. C'est donc avec curiosité que nous découvrons ce qui s'avérera être le clown de la soirée.
Rich Aucoin enchaîne sans gène tous les clichés insupportables de la musique autoproclamée indépendante faussement barrée et s'imposera directement à mes yeux comme le Patrick Sébastien de la hype.
Le spectacle n'a quasiment rien de musical, quelques nappes de synthétiseur rétro, le reste étant un programme de boucles relié à un écran géant qui diffuse des vidéos à succès YouTube comme "Double Rainbow" ou des extraits de film comme Back To The Future. Un véritable opéra pour geeks sans grande prise de risque, le tout étant essentiellement basé sur de l'entertainment grand public.
Les paroles, sans intérêt, sont également diffusées sur l'écran afin de faire chanter le public, et se veulent être des espèces de slogans rigolo et cool. A plusieurs reprises (Pat)Rich (Seb)Aucoin lance des confettis et autres cotillons dans la foule avant de la recouvrir d'un parachute. Des ados boutonneux ont l'air ravis de se galocher en dessous, ce qui m'a définitivement plongé dans un profond cynisme.
La seule chose à retenir de cet affligeant carnaval, particulièrement indécent pour des oreilles humaines, fut le batteur, discret, auquel le mix ne rendait pas justice car sous mixé derrière une boite à rythme inutile.
Here We Go Magic arrive sur scène, mais pour balancer, avant d'enchaîner directement sur le set, ce qui donna une arrivée franchement froide, plus tragique que magique, avec un groupe peu dedans et peu ordonné dès les premiers morceaux.
La balance étant courte, le son fut souvent pénible, si ce n'est inaudible sur certaines montées de guitares, qui semblaient pourtant excellentes au niveau des arrangements mélodiques.
Le concert fut tout du long assez plat, le groupe semblant fatigué, même si l'on retiendra de bonnes interprétations de morceaux comme "Alone but moving" de l'excellent A Different Ship, l'un des meilleurs disques de l'année.
Le concert gagnera néanmoins en intensité lors des rappels, où l'on retrouvera un groupe en parfaite symbiose. Concert décevant donc, ce qui arrive parfois lors de dates sur de longue tournée. Reste toujours le disque, aux arrangements pop et à la production impeccables, vraiment rafraîchissant à une époque où tout semble se ressembler.
|