Ce duo synthétique nancéien de l'aube des années 80 a marqué de son empreinte la musique indé française. Mona Soyoc à la voix, Spatsz aux claviers (ou peut-être plutôt au clavier, au singulier). Elle, originaire d'Argentine mais venant du Connecticut à la voix voilée et chaude, lui à la longue mèche improbable de cheveux qui coulait jusque sur les touches du synthé. Elle formée au chant jazz, lui ancien infirmier en hôpital psychiatrique.
Pour un public composé d'étudiants et de lycéens, on se disait qu'ils devaient en connaître long sur la vie. "So young but so cold". Toujours habillés de noir. On les voyait rarement à la télé et seulement dans des émissions très spécialisées. C'était avant YouTube et même avant le magnétoscope familial. Des apparitions précieuses, souvent en noir et blanc, qui participait à cette aura de mystère qui entourait le groupe.
Puis ils ont disparu en 1988, après trois albums, se sont reformés le temps d'une paire de concerts en 2005, puis encore en 2011.
Alors certes ils ont marqué leur époque par le look et l'attitude. Mais quid de la musique dans tout ça ? Équivalents français des Fad Gadget, ils n'intéressaient à l'époque qu'une petite frange d'aficionados de ce qu'on n'appelait pas encore la dark wave, ni même cold wave.
Dommage dans la mesure où l'alliance de la voix sensuelle de Mona Soyoc et les décharges synthétiques de Spatz font de ce groupe un parfait Objet Musical Non-Identifié, un projet unique. Disques témoins d'une époque By Pass et Try Out en sont à leur troisième réédition CD, chaque fois enrichie de nouveaux inédits. Inclassable, la musique de Kas Product n'a, de ce fait, pas trop souffert du temps. Pour ceux qui ne connaissent pas, à découvrir pour le mélange cradingue des claviers et des guitares avec le chant cabaret déglingué. Quant à ceux qui connaissent, aucun doute qu'ils s'en souviennent encore.
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