Avec "Et l'homme... créa le robot", le Musée des Arts et Métiers
présente une exposition inédite dont le propos va au-delà de la résonance biblique de son titre qui renvoie à l'épisode de la Genèse quand Dieu créa l'homme à son image.
Car la démarche du commissaire, Girolamo Ramunni, historien des sciences, ne se limite pas à la simple exploration du robot androïde qui fait fantasmer les imaginaires démiurges et peuple le monde de la science-fiction.
En effet, l'exposition dresse, en ce début du troisième millénaire, un état des lieux de la robotique sous toutes ses formes et dans toutes ses applications tout en revenant sur son histoire qui commence bien avant le 20ème siècle.
De la reproduction mécanique du vivant à la mécanisation du vivant, le robot, une machine pas comme les autres
Qui dit robot pense science-fiction et voit, selon sa culture et son âge, Terminator ou Genibo. Intelligemment, cette passionnante exposition ne s'arcboute pas sur cette iconographie, même si, accueilli par le couple de robots animatronics Robbix et Robbixa, cette dernière figurant sur l'affiche de l'exposition, le visiteur est invité à pénétrer dans un espace évoquant l'intérieur d'un vaisseau spatial imaginaire.
Et ce grâce à la spectaculaire scénographie, signée Massimo Quendolo et Lea Saito, toute en couleurs métalliques et néons bleu fluorescent.
En effet, l'exposition illustre de manière didactique le développement de la robotique qui est née, sous un autre vocable, bien avant le 20ème siècle.
De la mécanique de l'horlogerie à l'intelligence artificielle en passant par l'horlogerie, son histoire est liée au développement des sciences et techniques et a commencé bien avant l'ère chrétienne avec les oiseaux chanteurs égyptiens.
Car avant le robot intelligent était l'automate, objet mécanique qui reproduisait de manière automatique et synchronisée une séquence d'opérations prédéfinies.
Et son histoire interfère avec celle du jouet avec les jouets d'exception que furent les automates d'art du 18ème siècle démocratisés au 19ème siècle avec les jouets mécaniques Martin, ancêtres des Tin Toys.
Au 20ème siècle, avec le développement de la science des systèmes autorégulés, la cybernétique née avec avec Job, le renard électronique, imaginé en 1953 par l'ingénieur français Albert Ducrocq, et des sciences cognitives avec notamment l'intelligence artificielle, les applications robotiques ont essaimé dans tous les domaines.
De l'industrie au quotidien ménager en passant par la recherche scientifique, de la médecine à l'espace, et l'armement militaire, la machine est devenue un précieux voire indispensable travailleur artificiel.
Le robot d'intervention dans des milieux dangereux ou inaccessibles pour l'homme, le robot est également décliné dans la robotique de service, domestique mais également éducative et ludique.
Une salle est consacrée au domaine médical qui a largement bénéficié des perfectionnements robotiques modernes.
Trois siècles séparent la main artificielle de Ambroise Paré, précurseur de la prothèse articulée, de la prothèse bionique, de l'exosquelette et des implants mécatroniques.
Le robot médical se décline également en robot thérapeutique et robot de compagnie qui accompagne certains malades, tels ceux atteints d'autisme ou de maladie neurodégénérative.
Le couloir qui dessert des différents espaces de monstration finit en impasse dans une salle qui présente plusieurs des robots mythiques du 7ème art et incite à une réflexion éthique sur les droits de l'homme et les devoirs des robots, les limites du
transhumanisme et sur le défi du 21ème siècle pour la recherche robotique qu'est l'interaction avec l'être humain.
Conçu à son image par l'homme judéo-chrétien, le robot est confronté au même dilemme fondamental entre le bien et le mal.
Compagnon fidèle et courageux, comme le droïde astromech de Star Wars, assistant au service de l'homme comme le "I Robot", il peut aussi être un monstre machine, tel le premier androïde du cinéma, le robotrix de "Metropolis" de Fritz Lang créé en 1927, ou une créature hybride indestructible comme le cyborg Terminator.
Il y a 5 siècles, Rabelais écrivait déjà : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"...
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