Reprise du spectacle autour de Richard Brautigan, coproduction Imagho et l'Ensemble Romana, avec le Chok Theatre et Petits Travaux. Mise en scène de Josiane Carle. Avec Sabrina Lorre, comédienne, et Jean-Louis Prades, musicien.
Soirée théatre et musique ce samedi 20 octobre à Ursa Minor, un lieu Stéphanois que je ne connaissais pas. L'Ensemble Romana et Imagho reprennent Jamais 50, un spectacle autour de Richard Brautigan, un écrivain américain des années 60 à 80.
Après quelques difficultés pour trouver le lieu, situé au fond d'une allée entre quelques barres d'immeubles, nous arrivons dans une usine vidée de ses machines et dont il ne reste qu'un imposant monte-charge. Après un peu d'attente au bar, nous entendons une note lancinante et pénétrons dans la salle.
Le décor est sobre, un ponton en bois posé sur l'eau, quelques roseaux, un landeau, un personnage sur le bord et au centre un musicien, quelques guitares, un orgue et plusieurs pédales au sol. La note que nous entendions émane de la guitare, se démultiplie sur les enceintes et prend tout l'espace avant de s'écrouler sur elle-même : la comédienne a pris la parole, la pièce vient de commencer.
Le thème du spectacle est plutôt sombre, il s'agit de l'enfance de Richard Brautigan, une enfance difficile, heurtée. Le personnage, joué par Sabrina Lorre, passe de l'enfant à l'adulte, on le ressent dans le ton de sa voix, dans ses attitudes. La gestuelle est proche de la danse, l'enfant se déplace sur le ponton, saute, joue, se met en équilibre.
La musique champètre, parfois inquiète, très années 60, est jouée en direct, le son est très pur, beaucoup de guitare, des bruitages, des nappes d'orgue. Il y a une belle interaction entre la voix et la musique, un bel équilibre. Il arrive parfois que l'on soit happé par le texte, ou par la musique, et qu'on revienne à la pièce comme au sortir d'un songe.
Après un début bien sombre, le ton s'éclaircit au gré des pérégrinations de l'enfant Brautigan, avant de basculer dans le tragique. L'ambiance devient alors pesante, la musique se densifie, les sons sont plus graves et détournés, les éclairages virent au rouge : le drame est là, bien présent, il se noue sur ce plateau. Le spectacle se mue alors en un requiem pour l'écrivain, dont la voix nous parvient enfin, au sortir d'un morceau joué par Imagho en solo, diffusée par des bandes et laissée seule, dans le noir. J'ai les larmes aux yeux et suis surpris que le temps soit passé aussi rapidement. |