Spectacle musical conçu et interprété par Nathalie Joly accompagnée au piano par Jean-Pierre Gesbert dans une mise en scène de Jacques Verzier.
La comédienne et soprano Nathalie Joly a fait une belle rencontre en la personne de Yvette Guilbert, chanteuse de l'âge d'or du café-concert.
Cette figure mythique de Montmartre à la Belle Epoque lui a inspiré, en 2009, un spectacle très réussi, "Je ne sais quoi", construit autour de son répertoire de chansons réalistes et de ses relations amicales avec le psychanalyste Sigmund Freud, qui avait trouvé un joli écrin dans la petite salle du Théâtre de la Vielle Grille.
En 2012, elle revient dans ce même lieu pour présenter "En v'là une drôle d'affaire", deuxième opus guilbertien qui évoque des aspects moins connus de sa vie quand elle se consacrait à l'enseignement du chant et de sa technique du rythme fondu et de son "éloquence" entre parlé et chanté qui fit son succès, et à un registre musical différent de son "répertoire des gants noirs".
Privilégiant le récital pour salon à la reconstitution de soirée au caf-conc' et l'évocation de la personnalité de la femme et de l'artiste qui va au-delà de sa représentation immortalisée par les affiches de Toulouse-Lautrec, Chéret et Steinlen, elle a conçu un spectacle intelligent et sensible.
Si elle commence par quelques titres-phares très connus, tels "Je suis pocharde", "La pierreuse", et "Partie carrée entre les Boudin et les bouton" qui clôt de manière joyeusement coquine le spectacle, Nathalie Joly s'est attachée à faire découvrir au public la prédilection musicale de Yvette Guilbert pour les tragiques légendes médiévales ("Les anneaux de Marianson"), les chansons populaires de la Vieille France gaillardes ("Idylle normande") comme dramatiques ("La légende de Saint Nicolas") ainsi que les poignants portraits de femmes avec en point d'orgue sublime "La morphinée".
C'est d'ailleurs avec une célébration de l'Eternel Féminin, "Notre petite compagne", un poème de Jules Laforgue mis en musique par le mélodiste Emile Waldteufel, que commence, avec une belle ouverture en ombre chinoise, le spectacle.
Avec ses complices de route théâtrale et musicale, l'espiègle comédien-pianiste Jean-Pierre Gesbert, qui lui donne hardiment la note - et la réplique - et toujours sous la direction de Jacques Verzier, comédien versé en comédie musicale qui connaît donc bien la chanson, Nathalie Joly, pétillante et expressive, maîtrisant et modulant parfaitement dispense un spectacle de qualité qui ravira, entre autres, les passionnés d'histoire de la chanson française. |