Comédie en chansons écrite et mise en scène par Pierre Notte, avec Tiphaine Gentilleau, Brice Hillairet et Chloé Olivères.
Démarrant par un entretien avec sa propre mère dont on entend la voix enregistrée et qui livre avec lucidité, douceur et franchise son expérience, Pierre Notte propose avec ce spectacle un "cabaret foutraque" dont il a le secret, l’histoire à la fois intime et universelle d’une famille.
Il y a les enfants, jumeaux et les parents. Le spectacle raconte comment ils vivent ensemble. Et plus tard avec le père disparu et la mère qui ne se souvient plus. Des secrets de famille remontent au grand jour et les déchirent en tableaux drôles et cruels, poétiques et sarcastiques, entrecoupées de chansons aigres-douces. Se réconcilieront-ils ?
Le quatuor, avec une vraie cohésion, installe une ambiance que la lumière de Nicolas Priouzeau met en valeur et que Pierre Notte au piano, en maître de cérémonie plus conteur qu’hâbleur, déroule par tableaux successifs. On y voit des images splendides : une incinération comme une pluie d’étoiles et ces mêmes cendres balayées ensuite pour poursuivre le chemin.
Dans cette fantaisie ludique et familiale, les comédiens sont à la fête. Ils ne sont manifestement pas des chanteurs mais qu’importe, leur sincérité convainc.
Tiphaine Gentilleau et Brice Hillairet forment un beau duo et se régalent du texte de l’auteur de "Pour l’amour de Gérard Philippe" où la cocasserie des mots de tous les jours et des situations familiales ricoche autour du pianiste.
Mais c’est Chloé Olivères qui emporte le morceau. Cette merveille de comédienne, bouleversante au moindre regard et passant par mille nuances de sa superbe voix grave, nous met définitivement au tapis. Tandis que le magicien Notte, flegmatique, égrène en petites touches blanches et noires, derrière l’euphorie, une imperceptible mais tenace nostalgie.
On est conquis par ce spectacle émouvant où la mort est chantée avec délicatesse et où l’on s’amuse de nos petites faiblesses. Véritable ode à la mère, à toutes les mères, et hymne à la vie, "Sortir de sa mère" délivre en mots acides et petites notes légères une tendresse infinie. |