Comédie en chansons écrite et mise en scène par Pierre Notte, avec Tiphaine Gentilleau, Brice Hillairet et Chloé Olivères.
Dans "La Chair des tristes culs" se retrouvent les mêmes comédiens que dans "Sortir de sa mère", l’autre spectacle avec lequel il compose ce diptyque, mais dans une forme cette fois plus théâtrale : que ce soit la scénographie superbe réalisée par des élèves de l'Institut supérieur des arts appliqués de Paris) ou la trame narrative avec des personnages plus développés.
Le piano n’est plus à vue mais de l’autre côté d’une façade dont les multiples ouvertures permettent à Pierre Notte (beaucoup plus discret en speaker dont les rares apparitions ne se font que pour introduire des "ellipses" avant d’endosser à la fin, le costume d’un des personnages, mais chut...).
C’est une vraie réussite, dans la lignée de ses précédentes pièces, que le chef Notte nous a concocté avec sa talentueuse équipe. Une fantaisie décalée, follement drôle et colorée, saupoudrée de belles chansons.
Une nouvelle fois, l’auteur de "Se mordre" ou "Les couteaux dans le dos" rattache ses personnages à la mort. Ici, un garçon coincé (hilarant Brice Hillairet) veut en finir et signe un contrat avec une logeuse (Chloé Olivères, irrésistible) qui lui fournit une chambre pour qu’il se suicide et qu’elle puisse utiliser sa chair à des fins gastronomiques, non pas pour elle mais pour les clients de son café qui périclite.
Au milieu de tout ça, une bimbo blonde aux faux airs de Bardot (formidable Tiphaine Gentilleau, toujours juste) prétend être sur la plage au soleil, la chaleur l’accable mais personne ne la voit.
Ces trois personnages, résignés et mal dans leur peau vont se croiser et finiront par communiquer. Les vivants et la mort en un ballet récréatif se mêlent pour faire triompher la vie, et l’appétit de celle-ci.
Répliques ciselées qui s’emboîtent ou s’entrechoquent comme les portes et les trappes du décor, et comme les personnages qui s’effleurent pour bientôt faire renaître le désir.
Une nouvelle fois Pierre Notte, avec beaucoup d’habileté, nous fait croire à l’incroyable et nous rend familier cet univers improbable poétique et caustique, parsemé de trouvailles insensées dont lui seul a le secret, rehaussé du goût le plus doux et le plus vrai : celui d’humanité. |