Depuis plus de 10 ans,
les Married Monk sont de toutes les aventures
mais restent bien souvent dans l'ombre. D'un premier album plutôt
acoustique à des collaborations avec Yann
Tiersen, un duo avec Superflu,
deux excellents albums encensés par la critique, ils sont
partout mais sans forcément faire beaucoup de bruit.
Nous voulions en savoir un peu plus sur ce groupe atypique créant
une pop inventive depuis une décennie.
Je présente une série de photos de 1994 à
Maxéville à Christian.
Qu'est-ce qui s'est passé en 10 ans ? Quels
sont les faits marquants pour le groupe ?
Christian Quermalet : Il y a eu quatre albums.
Deux ans et demi par album. Moi j'ai bossé avec Tiersen pendant
un bon bout de temps mais ça n'a pas empeché le groupe
de continuer d'évoluer. C'est juste qu'au début on
était chez Barclay et après on s'est retrouvé
dans un flottement de label. On a flirté avec Lithium et
puis on a trouvé Ici D'ailleurs avec lesquels on a fait deux
disques.
C'est par Tiersen que vous êtres rentrés
chez Ici d'Ailleurs ?
Christian Quermalet : Disons que c'est parce que
lui était dans cette maison de disques là qu'on a
été amené à rencontrer le dirigeant.
Il nous a permis de faire deux disques.
Il n'y a pas eu, sur la période, d'album
qui aurait mieux marché ? Vous avez toujours eu d'excellentes
critiques.
Christian Quermalet : Oui oui, c'est peut être
plutôt au niveau de la scène qu'on a bien évolué.
On a trouvé un compromis scénique où on n'est
que quatre et où on utilise beaucoup de bandes, moi je joue
vachement moins de guitare et on est un peu plus libres, il y a
moins de pression sur scène.
Au maximum vous avez été 5 sur
scène ?
Christian Quermalet : Oui 5 mais tout le monde
jouait vraiment, ce n'était pas la même ambiance. A
4 c'est bien.
Et donc Etienne (le quatrième) est arrivé
avec le dernier album ?
Christian Quermalet : Oui Etienne a joué
sur l'album. On se connaissait avant puisque je travaille dans le
même endroit (à Mains d'oeuvres) et de fil en aiguille
on est arrivé à savoir qu'il faisait du sax. On l'a
appellé pour l'album, il devait faire des impros de sax et
comme c'est bien passé humainement, on lui a demandé
de venir avec nous.
En ce qui concerne les collaborations ? Y'a-t-il
quelque chose de prévu ?
Christian Quermalet : Oui, mais je ne peux pas
trop en parler. C'est en gestation. Plusieurs membres du groupe
en participation à d'autres projets. Ce sera pour l'année
prochaine.
C'est comme cela que vous occupez les 2 ans entre
deux albums ?
Christian Quermalet : Non pas vraiment puisqu'on
va encore tourner mais c'est juste des affinités entre les
gens et voilà.
La tournée se termine ?
Christian Quermalet : Non ca se terminera en décembre
mais on a d'autres choses de prévues en 2005. D'autres concerts.
Quels sont les groupes qui vous inspirent, qui
vous plaisent, ces derniers temps ?
Christian Quermalet : J'aime bien quelques trucs
mais en fait on peut très bien aimer 25 secondes d'un morceau
dans l'univers musical d'un groupe sans forcément aimer le
reste. Je ne pense pas qu'on soit fait pour etre fans inconditionnels
d'un groupe. On est fans de groupes plus anciens comme Ween. Tu
connais Ween ?
Non..
Christian Quermalet : C'est un groupe américain.
Ils jouent encore, ils ont quarante balais. C'est hallucinant !
On se retrouve un peu dans ce genre de trucs car c'est un mix de
plein d'ambiances. Ils ont fait des disques de pastiches. Un morceau
comme Lennon, un morceau comme quelqu'un d'autre. Et après
ils font leurs trucs à eux. Ils ont joué à
Paris, à la Boule Noire pendant 3 heures non stop. C'est vraiment
super. Ce n'est pas très très connu en France mais
ce sont de grands musiciens. Y'a de tout, des disques en quatre
pistes, d'autres en studio avec une grosse prod. C'est imparable.
Sinon on n'écoute pas tous le même
genre de choses, c'est assez varié. On est capable d'aimer
Phoenix ou Outkast, tu vois c'est large. Ou des types comme JP Nataf,
c'est très très large. Ou des amis à nous comme
Bertrand Betsch ou Dominique. Pas parce que c'est nos copains. On
peut aussi aimer la musique malienne par exemple.
Ca s'entend, il y a des inspirations de partout.
Christian Quermalet : Oui, enfin on reste quand
meme dans un format pop.
Les reprises, c'est une habitude, un rituel ?
Sur tous les albums, en concert..
Christian Quermalet : C'est d'abord un hommage
au départ. Et on peut très bien reprendre le titre
d'un groupe dont on ne connait que cette chanson. On a d'ailleurs
fait la reprise de Captain Beefheart sur le dernier album, où
c'est Philippe qui chante, et on ne connait quasiment pas le groupe.
J'ai entendu Ashes to Ashes par hasard, vous
ne la jouez pas encore en concert ?
Christian Quermalet : On ne l'a pas encore bien
travaillée. On l'a en effet jouée au Fou du Roi. Mais
ca tombe sous le sens, tu vois, c'est un truc tellement fort. On
ressent le truc. C'est tellement génial.
Il y a d'ailleurs une des reprises que vous faites
souvent et que je ne connais pas.
Christian Quermalet : Teenage Kicks ?
Non ..
Philippe Lebruman : Dog Bowl.
Christian Quermalet : En fait c'est un copain
à nous, américain, qui habite entre Paris et New York
et on connait quasiment tout ce qu'il a fait. Il a du faire une
dizaine de disques. On reprend celle la mais on aurait pu en reprendre
une autre parce qu'il y a plein de trucs excellents dans ce qu'il
fait. On se reconnait aussi dans sa musique.
Vous la reprenez depuis très longtemps
en concert non ?
Christian Quermalet : Ca fait un bout de temps
ouais. J'aimerais bien en refaire une autre de lui, il y en a tellement
qui sont supers. Un bon format pop comme ca.
Est-ce que vous aimez la scène ?
Philippe Lebruman : Jouer sur scène ? Ben
oui, oui.
A chaque fois que je vous vois il y a des petits
soucis techniques, des choses qui
ne vont pas..
Christian Quermalet : Ah ben non, on y est pour
rien. A partir du moment où il y a des gens qui paient pour
te voir, tu ne vas pas faire du sabotage. Après des fois,
ça te mine, quand les conditions ne sont pas bonnes, par
exemple à Gévezé, c'était un peu l'horreur.
Le matériel n'était pas à la hauteur. C'était
limite du matériel de bal des années 80 et la programmation
était un peu bizarre. C'était un peu la fête
de la bière. C'était bizarre comme soirée.
Mais oui on aime bien la scène. On n'a pas
forcément une structure qui fait qu'on peut être toujours
bien techniquement. On est obligé d'installer le matériel,
accorder les guitares. Il y a d'autres structures où tu as
quelqu'un pour te reposer au niveau technique.
Et les bandes en live, c'est un atout ?
Christian Quermalet : C'est pas un problème
ça. C'est juste une manière de retranscrire les morceaux
sur scène. On est contents d'arriver à ce résultat
la.
Philippe Lebruman : Il y a des morceaux qu'on
ne pourrait pas jouer à 4.
La compo d'un morceau ? ça se passe comment
chez les Married Monk ? Ca part d'une mélodie à la
sèche, d'un sample ?
Philippe Lebruman : Ca dépend des morceaux.
Christian Quermalet : Y'a des choses qui se construisent
en studio, qu'on modifie. On part toujours avec une petite base.
Là on avait beaucoup plus de matériel sonore parce
qu'on a travaillé vachement avant sur les ordis. Oui il y
a des choses qui viennent avec peu d'instruments mais ca change
vraiment à chaque morceau. C'est une cuisine particulière.
Pour Night Prince, était-ce une necessité
de récupérer la magnifique mélodie de votre
duo avec Superflu ?
Christian Quermalet : Ah Night Prince, c'est un
des morceaux qui est passé par le plus de versions.
Philippe Lebruman: Non c'est pas parce qu'il fallait...
Christian Quermalet : Disons que le projet de
faire un morceau pour ce disque là c'est parti de cela. C'était
un pretexte, on voulait refaire un truc différent à
notre sauce et puis voilà. Il reste peu de choses de l'original.
Philippe Lebruman : Ca fait un autre morceau au final. C'est la même
suite d'accords completement rearrangée.
Trois mots pour définir le groupe ?
Philippe Lebruman : Christian, Philippe, Mitch
Merci aux Married Monk et à Nico d'Ecran Sonique
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