Ce 18 Janvier à Saint Sauveur, le trio Neko a-t-il médité quelques secondes avant de commencer ? Peut-être une pensée à 2500 lieues de la scène ? Là-bas, au Japon, Maneki-Neko ronronne et porte-bonheur. Petite digression faite, en cette date toute particulière, le groupe lillois sortait son quatrième EP : Radio Edit.
Le froid n’a pas fait faillir les irréductibles connaisseurs de post-rock. Saint-Sauveur attendait de pied ferme le trio lillois. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’il monte sur scène, leur dernier EP One hit Wonder, datant de 2008.
Neko est de ce genre qu’on appelle post-rock. Cela vous parle ? Cela me paraît obscur. Mettre la musique dans les cases me semble toujours être un défi. C’est sujet à de fortes représailles, des colères, de véritables joutes de critiques musique. L’alternative est de se protéger derrière un mur de cases : du post-rock-free-alternatif-quelque-chose pour créer le consensus. Je me suis penchée sur les dires d’un des pères reconnus de l’expression : Simon Reynolds. Et puis tanpis.
Neko est d’abord un groupe instrumental ou presque. A ses débuts, le chant y était présent et les affinités plus rock. Et puis, au fil des années, il s’est transformé, a muté pour ne se laisser muer que basse, batterie et guitare. Mais non ! Cela ne fait pas toute la subtilité du post-rock. La démarche de Neko, et c’est en cela que je peux m’avancer, est de créer des morceaux qui se palpent, qui explorent la diversité des textures sonores.
Cela s’écoute comment ? En méditant à la belle étoile ? Le matin devant un petit corsé ? En live ? C’est plutôt intense. Les trois instrumentistes se donnent à coeur joie sur scène, à commencer par le batteur, explosif. Pas de doute, les racines rock sont bien ancrées. Avec cette frappe lourde et ses plans finement placés, son jeu se révèle étonnant. Il est presque décevant de ne pas voir sa rythmique plus exploitée pour donner aux morceaux une chair plus déconcertante encore, plus originale. De même, le bassiste, aux plans bien rodés, ne débordent pas des cases.
C’est donc au guitariste que revient la difficulté de nous emmener dans ces champs de textures. A coups d’accords plaqués et d’effets bizaroïdes, il amène de manière simple mais efficace le paysage planant du post-rock.
Ce soir là, plongée dans leur décor bien chiadé : vidéos, noir et blanc, végétales, je me disais que Neko ne donnait pas beaucoup de chances aux amateurs de danse. Certes, il y a du rythme mais il faudra plutôt apprécier le travail méticuleux des enchevêtrements de sons, des textures, pour se laisser entraîner. Il n’empêche, quand on a saisi leur fil, on peut aller loin, très loin. |