Spectacle conçu et mis en scène par Guillaume Barbot, avec Zoon Besse, Céline Champinot, Elise Marie, Yohan Manca-Matilla, Pierre Marie Braye-Weppe et Séverine Astel.
Comment transposer le rock au théâtre ? Illustrer cette urgence, cette fièvre d’une jeunesse en révolte qui pousse les carcans et questionne l’héritage d’une société sous verre ? Ces musiciens qui sont les incarnations exutoires de cette soif d’une vie pleine et riche ?
Le "Club 27" n’est pas le lieu d’une collection de débats pour construire l’Europe économique, pour développer la croissance. 27 c’est l’âge où se sont éteints Amy Winehouse, Kurt Cobain, Jim Morrisson, Janis Joplin, Jimi Hendrick, Brian Jones.
Age d’un basculement, étrange communauté de musiciens qui continuent à fasciner. En quête d’absolu, d’un pacte démoniaque avec les cieux , ils sont les étoiles qui brillent à jamais.
Le mythe de Robert Johnson qui rencontre la Diable au croisement des chemins, ces héros solitaires qui errent encore dans les têtes adolescentes : le rock ressemble à une histoire du passé, nostalgique et dévouée à ces anciens combattants morts au combat. Alors quoi ? Ne faut-il pas partir à la recherche de nouveaux héros ?
"Club 27" est évidemment un hommage au rock et à ces icônes. Le travail du guitariste violoniste Pierre Maris Braye-Weppe rend toute la ferveur et la maîtrise de ces musiciens possédés. Au-delà, "Club 27" questionne sur les illusions, ou les désillusions de la jeunesse d’aujourd’hui, jeunesse qui ne sait plus se situer vis-à-vis de la génération passée : ne vont-ils pas aux mêmes concerts, ne se retrouvent-ils pas dans les mêmes manifs ?
Troubles et perplexités de ses places et de ses rôles respectifs. La troupe (Zoon Besse, Céline Champinot, Elise Marie, Yohan Manca-Matilla, Séverine Astel) met les pieds dans le plat du rock-tarte à la crème… de ce star system qui assoit sa notoriété sur des musiques de pub, qui s’affiche sur les tee- shirts trop chers.
La scène, les costumes sont un composé de toutes ses contradictions : à la fois garage de répétitions, à la fois salon bourgeois, les plumes, la baignoire, les chemises grunge. L’imaginaire rock qui ressemble à un décor de "Friends".
Vers où, comment, aujourd’hui, trouver la vie qui respire, qui échappe encore au Marché… une fuite vers l’intime, les corps désirant et les rêves singuliers….sur les débris nécessaires de la famille…
Conçu et mis en scène par Guillaume Barbot, "Club 27" est une proposition audacieuse et énervée, qui amène une certaine prise de conscience des limites de notre imaginaire, de notre monde actuel comme rétréci. Un moment que l’on voudrait voir se prolonger un peu plus. |