Comédie de Jean-Loup Philippe interprétée par Jean-Louis Philippe et Nicolas Planchais.
Monsieur le Monde va très mal. Il souffre du bas, du milieu et du haut, souffle, s’essouffle, gémit et s’attriste. Il est temps de consulter un médicastre sûr de lui et digne de confiance.
L’homme de l’Art questionnera, fera tousser le Monde et accouchera d’un beau diagnostic nouveau-né avec cordon de cornegidouille.
Sur cette trame, Jean-Loup Philippe, auteur, comédien, metteur en scène, peintre, a conçu un spectacle de haute drôlerie, jouant avec les mots, les associations d’idées, les tiroirs à pensées, les longues traînes de dentelle de la conversation avec soi-même.
Acteur sensible, inspiré, distant de sa prose, troublé par sa découverte, il incarne ce Monde aux ongles incarnés, aux poumons troués, à la voix chevrotante : quel régal !
Face à lui, médecin de mots-lierre qui s’enroulent autour du patient, Nicolas Planchais, voix de basse et talent de cîme, inquiétant, fou de normalité, torture son malade avec le scalpel de la question, qui mériterait ici un q majuscule…
Le duo fonctionne parfaitement, les mots de l’un partent à l’assaut de l’autre comme la mangouste et le cobra. Rarement, deux comédiens se seront aussi bien parlé, aussi justement, aussi finement.
Le théâtre de Jean-Louis Philippe, féroce, humain, absurde sans gratuité, frappe juste à la conscience et au sentiment, et comme la poésie, dont il est fils, pénètre dans l’inconscient avec curiosité.
Rien de pareil ne s’entend ailleurs et il faut, urgemment, découvrir ce spectacle que le succès porte d’un théâtre l’autre. |