Le nouveau Christophe, Paradis Retrouvé, est constitué de 13 titres, pour la plupart composés entre 1972 et 1982, retravaillé avec des moyens actuels.
Autant le dire d'emblée, il ne faut pas chercher dans ce disque un pendant aux "Paradis Perdus", d'ailleurs au pluriel alors qu'un seul paradis est retrouvé. Le titre du disque sent la basse manoeuvre marketing, même si on est invité à rejoindre Christophe dans les seventies. Il s'agit d'une sélection de démos, d'esquisses de travail abandonnées au fond d'un tiroir et reprises pour l'occasion, de bidouilles autour de trames mélodiques qui pour certaines ont vu le jour sur des albums prédents. Il ne faut donc pas espérer trouver dans Paradis Retrouvé la cohérence et l'attention maniaque du détail qui existaient dans Comme Si La Terre Penchait ou dans Aimer Ce Que Nous Sommes.
A la première écoute, on entre dans un univers familier. On est accueilli par un sample déjà utilisé dans "Voix Sans Issue", chanson écrite avec Bergman en 1984. "Stay Away" est une démo très avancée, chantée en anglais, de "L'Italie", et "I Sing For", une démo de "Tant Pis Si J'en Oublie". Il y a la voix, rocailleuse et caressante, reconnaissable entre mille, qui parfois semble plus jeune.
On reprochera donc à Paradis Retrouvé des facilités, "Baby The Bae" par exemple malgré son efficacité, les arrangements kitsh de "Fairlight" ou certains sons de guitare vraiment datés. Voire des appriximations dans l'interprétation, mais c'est justement la limite de ce genre d'exercice qui consiste à livrer au public un ensemble de démos.
A côté de cela l'album renferme des trésors mélodiques, "Take a night", "Stay away" ou "Carrie". Quant à l'instrumental "Harp Odyssey", il semble avoir été écrit par Kavinsky pour la BO de Drive. Et dans le même esprit, "Hommage à Jean-Michel Desjeunes" qui mélange guitares, harmonica et nappes synthétiques est absolument splendide.
Christophe a la réputation d'être un compositeur qui a besoin de temps, mais qui ne garde que ce qu'il sait pouvoir réutiliser à l'avenir. Paradis retrouvé permettra donc de prendre notre mal en patience en attendant un véritable successeur au magnifique Aimer Ce Que Nous Sommes sorti en 2008. |