Comédie dramatique d'après la pièce éponyme de Georg Büchner, mise en scène de Jean-Pierre Baro, avec Simon Bellouard, Cécile Coustillac, Adama Diop, Sabine Moindrot, Elios Noël, Philippe Noël et Tonin Palazzotto.
Associant "Woyzeck" l’œuvre fameuse de Georg Büchner, transposée en opéra aussi célèbre par Berg, et sa création personnelle, le metteur en scène Jean-Pierre Baro réalise une véritable "performance" dans le sens traditionnel et modernisant du terme.
D’un côté, le simple soldat, objet de risée de son capitaine et du médecin militaire, Noir du Sénégal, née en Afrique Occidentale Française, amant d’une femme légère et infidèle qui le rend fou de jalousie, de l’autre, une mère qui s’est engagé dans le mariage mixte, extravagance mal vue à son époque, et qui raconte, à la manière d’une Duras volubile, ce qu’elle a manqué et réussi.
La qualité du spectacle tient à son honnête absence de manichéisme : pas de vilains Blancs et de gentils Noirs ou l’inverse. Des personnages vrais, forts, démunis, incroyablement courageux, dépassés par la lourdeur des traditions et de la vie courante, humains et absolus dans la farouche défense de ce trésor également partagé.
On danse, on se bat, on jouit, on tue, on est nu et terriblement dissimulé : Mais on ne triche pas. Et c’est beau, cette représentation de la destinée sans vertu (vertu qu’on laisse à un vieux militaire en slip, pièce d’étoffe qui symbolise le convenable)
Cette beauté prend à la gorge. C’est l’épopée du peuple, la grandeur des petite gens, dansée. Les comédiens sont tous d’une excellence scandaleuse.
Philippe Nöel, Simon Bellouard, Elias Nöel, Tonin Palazzoto, Sabine Moindrot, Adama Diop, Cécile Coustillac incarnent ces personnages avec une vitalité dévorante. Quant aux lumières, bravo à Bruno Brinas ainsi qu’à Loïc Le Roux et à Adrien Wernert, créateur et "ordonnateur" du son.
Loin, bien loin d’un politiquement correct desséchant, vain et cagot, ce spectacle "oseur" offre tout, c’est rare et il faut s’y précipiter. |