Terre ?... Terre !

Terre humaine. Terre définissable. Contour de la peur. Il existe une science qui offre aux hommes, éclaireurs de destin, une lumière dont ils ont besoin : la géographie. Cette topologie qui absout l’inconnu et les frayeurs.

Un beau cheminement depuis que l’explorateur existe dans chacun de nos gènes. Oui ! Nous sommes tous de sang conquérant. Curieux plus que dévastateur. Un plaisir qui se fond dans le temps et une exposition dont le mérite est de titiller nos méninges.

"Mappamundi - Art et Cartographie" à l’Hôtel des Arts de Toulon du 16 mars au 12 mai 2013. Deux petits mois pour voguer sur les flots, à la découverte de continents impossibles ou oubliés dans un coin de notre imaginaire.

Belle, l'idée vient de Guillaume Monsaingeon, le commissaire de l’exposition. L’homme est philosophe et bâtisseur de l’Auditorium du Louvre.  Un bourlingueur qui pose ses valises à Rome pour diriger le Centre culturel français. L’art militaire ne lui est pas inconnu, il faut au boucanier toute sa fibre d’homme de l’art (qu’il est) pour nous offrir à l’Hôtel des Arts cette démarche originale.

Mais qu’est-ce donc que la cartographie ? Doit-elle être uniquement de facture scientifique, c'est-à-dire réaliste ? Ou peut-elle, grâce au doigté de l’artiste, offrir un visage autre, parfois plus torturé ? L’imaginaire s’invite entre les traits, traversant comme un miroir l’espace qui nous sépare de notre aventure territoriale.

L’exposition s’organise selon trois axes. Qui semblent, en fonction des voyages, tellement complémentaires que nous serions bien en peine de dire comment dresser notre propre cartographie. "Le Corps" et sa vision, espace à conquérir naturellement mais pas seulement. La matière est là aussi, soyeuse ou rustique, élément de reconnaissance. Le corps n’est pas qu'une œuvre qui laisse indifférents les artistes. Cette géographie sensuelle est offerte comme une diversité multiple. C’est une des approches de l’exposition.

Ouvrons la seconde porte : le combat est au pouvoir. Cette juxtaposition des devoirs est à la hauteur des désirs. Il y a comme une trace sociale dans cette terminologie. Comme un contre-pouvoir géographique. Etre ici et pas ailleurs, ni ici et ailleurs,  pas plus qu'ailleurs et pas ici. L’art est un art conquérant. La cartographie comme arme ultime. Mais aussi, contre le pouvoir établi. Là encore la lecture peut être un aigle à deux têtes, entre ce qui est conquis et ce qui le sera. Il n’y a pas de demi-mesure, la frontière est née. Mais cette trace imaginaire n’ouvre-t-elle pas d’autres portes ? Si, naturellement.

L’imaginaire.

Celui des contes aux territoires fantasmes, voire mouvants dans la lecture et leur appréciation. C’est le troisième voyage cartographié que l’exposition vous invite à découvrir. On pense à une ile (Stevenson, naturellement) mais aussi à l’imaginaire du jeu, topologie de l’impossible. La littérature est au rendez-vous, les arts également. Ils sont conviés aux portes de l’esprit. Il faut alors déplier totalement la carte pour mieux découvrir les chemins qui nous mènent aux légendes, parfois trop proches de la réalité pour que l‘on ne les voie pas. Mirage pourtant présent. Faire un pas sur le côté pour découvrir d’autres mondes…

C’est aussi cela, la cartographie.  Et c’est, dans cette exposition, un cheminement sans fin. Explorateurs en folie, vous voilà au bord des mondes inconnus. A vous, public, de vous approprier l’exposition pour cartographier votre imaginaire.