Monologue dramatique d'après le roman éponyme de Marcel Pagnol dit par Antoine Séguin dans une mise en scène de Stéphanie Tesson.
Avec "La gloire de mon père", Antoine Séguin propose une adaptation théâtrale réussie tout aussi intelligente et sensible que jubilatoire que du premier volet de la trilogie autobiographique de Marcel Pagnol.
Dans cet opus, l'écrivain, dramaturge et cinéaste se penche sur ses souvenirs pour peindre le tableau des jours heureux, au début du 20ème siècle, d'une enfance au sein d'une famille classique, ni décomposée ni recomposée, et aimante, dans laquelle les parents se consacrent à l'éducation et au bonheur de leurs enfants, et du petit monde provençal dont la jovialité est source d'anecdotes succulentes.
Une enfance qui rime avec innocence, même si les enfants sont aussi de sacrés garnements, amour, amour fusionnel pour une mère affectueuse, amour doublé d'admiration et de respect pour le père qui est aussi une figure, celle de "instituteur public" et apprentissage de la vie qui repose sur une vision humaniste du monde.
Le narrateur, âgé de huit ans, est un petit citadin qui raconte notamment ses premières vacances dans les collines de Provence qui constituent un immense terrain de jeu propice aux découvertes et aventures qui remplissent des journées de plénitude et de communion avec la nature et qu'il mémorisera comme les plus beaux jours de sa vie, et dont le point d'orgue est la fameuse journée d'ouverture de la chasse au cours de laquelle il sera l'artisan de la gloire de son père en rapportant les deux exemplaires de bartavelle, la reine mythique des perdrix, que ce dernier a tué et qui l'inscrivent au panthéon de la communauté locale.
Dans la mise en scène sobre de Stéphanie Tesson, un grand drap en métis, un tableau noir, une carte topographique, une chaise et le chant des cigales suffisant à transformer l'aire de jeu en mille lieux, avec une grande fidélité à l'auteur et à l'oeuvre, Antoine Séguin restitue pleinement, entre narration et incarnation des différents protagonistes, la verve de l'écriture de Pagnol également empreinte également de tendresse, de poésie et d'un humour irrésistible, la vivacité des anecdotes et la truculence des portraits des différents protagonistes.
Ainsi convie-t-il le spectateur à partager un voyage hors du temps qui entrera certainement en résonance avec les souvenirs des plus de trente ans et propose, pour les "digital natives", une immersion dans la beauté des choses et des bonheurs simples.
Ce spectacle, plus spécialement dédié au jeune public sans toutefois embrasser l'iconographie enfantine, s'avère résolument tous publics et fera les délices "proustiens" des grands. |