La musique psychédélique est quelque chose autant cérébrale que physique. Elle doit agir, littéralement, comme un révélateur de l’âme (ψυχη = psyche et δηλειν = delein, visible, clair).
Les Anglais basés à Leeds de Hookworms font dans ce sens une musique purement psychédélique. Parler de Pearl Mystic, leur premier véritable album, c’est parler d’un vortex où tourbillonne la musique du passé (The Grateful Dead, Spacemen 3, Hawkwind, Cage, Can), du présent (Sonic Youth, Primal Scream, Yeti Lane, My Bloody Valentine) et probablement, vue la qualité des compositions, du futur.
C’est une expérience musicale totale, organique, intense, autant que mystique ou sensorielle. Un voyage lysergique aussi, aux paroles existentialistes bien éloignées du flower power. C’est également parler d’un groupe, ou d’un collectif, qui aime laisser planer le mystère sur son identité (aucun nom n’est cité, on ne trouve que des initiales), qui préfère placer sa musique avant les égos de ses musiciens. C’est surtout parler d’une musique obsédante et entêtante, toxique, venimeuse, hypnotique.
Tout du long de Pearl Mystic et même pendant les 3 interludes (I - II - III), Hookworms joue avec les distorsions mélodiques (brouillard de particules sonores, drones, alternance de violence et de quiétude, fréquences, durées des harmonies, enveloppes sonores trafiquées, guitares en cascades...) et temporelles (allongement des mélodies, couches harmoniques, long sustains, rythmique répétitive...). Pas une seule seconde la tension ne retombe, et les mélodies s’immiscent lentement dans notre cerveau, dans notre psychisme, agissant tel un mantra. Parler de Pearl Mystic, c’est enfin parler d’un disque définitivement fait pour ceux qui aiment les musiques exigeantes et excitantes. |