Comédie de Fabrice Melquiot, mise en scène de Paul Desveaux, avec Claude Perron et Solal Forte.
N'était la présence d'un personnage quasi-mutique, "Je suis drôle" serait un monologue.
Un monologue tragi-comique écrit par Fabrice Melquiot qui embrasse la situation grave mais pas désespérée d'une femme borderline qui peut aussi bien être à la limite de la dépression que du du burn-out.
Dans l'intimité d'un modeste salon-cuisine, une jeune femme à la petite quarantaine, mère d'un adolescent quasi-mutique avachi dans le canapé (Solal Forte), tourne en rond et soliloque atteinte d'une logorrhée qui se déroule comme une pensée à haute voix.
Artiste humoriste de profession, mais sans doute davantage dans l'humour noir que dans le comique troupier, et comme souvent le cas, elle est un clown triste qui se trouve de surcroît au bout du rouleau autant personnellement, divorcée avec un amant de passage et dotée d'un fils amorphe, que professionnellement, has been démotivée à qui son agent ne lui propose plus que de cachetonner dans les maisons de retraite.
Sous la direction sobre de Paul Desveaux, la partition en forme de portrait à fleur d'âme qui navigue entre plusieurs registres, du loufoque à la gravité, n'engendre cependant pas la tristesse et est transcendée et sublimée par l'incarnation sensible de Claude Perron.
Pas d'effets, pas de numéro d'acteur, mais, sans doute, une vraie rencontre entre une comédienne, un texte et un personnage qui devrait également se doubler d'une rencontre heureuse avec le public. |