Spectacle conçu et mis en scène par Romeo Castellucci, avec Chiara Causa, Silvia Costa, Laura Dondoli, Irene Petris, Myriam Sokoloff, Carlotta Moraru, Marine Granat, Marie Dissais, Moira Dalant et Clara Chabalier.
Un spectacle de Romeo Castellucci, une des lignes de force du théâtre d'avant-garde des années 90, c'est un spectacle conceptuel s'il en est, oeuvre plastique plus que théâtrale, qui confine à l'ésotérisme et à l'hermétisme et dont il faut quérir le sens et le fond au-delà de ce qui est montré, dans le concept qui sous-tend ce qui est représenté.
Il soumet à la sagacité du public un puzzle intellectuel autour de ses thématiques récurrentes que sont le regard et la mort, le vide et la représentation, le sens de l'art et le rôle de l'artiste qui peut décourager un spectateur non averti et dans chaque pièce tout est signe.
"The Four Seasons Restaurant", titre qui fait référence à l'acte du peintre Mark Rothko qui après avoir accepté de peindre des toiles monumentales pour décorer les murs d'un restaurant newyorkais procède à leur enlèvement au nom du rejet de la peinture décorative, c'est en premier lieu, d'éprouvantes expériences sensorielles, auditive avec la diffusion de la transcription audible pour l'homme, mais assourdissante, des sons produits par les phénomènes physiques dont le vent stellaire en périphérie du trou noir super-massif situé à 250 millions d'année-lumière de la Terre, visuelle avec les aveuglants flashs explosifs de la fin du monde.
Puis, c'est une ronde pastorale de jeunes filles à la Maurice Denis, habillées à l'identique d'une tenue qui rappelle l'uniforme des communautés Amish ou Mormon qui va dispenser, dans une gestuelle artificielle qui pourrait évoquer la déclamation antique ou la codification du théâtre baroque, la tragédie "La mort d'Empédocle", relatant le suicide du prêtre de la nature qui se dit abandonné des dieux par immolation dans l'Etna, écrite à la fin du 18ème siècle par le poète et philosophe allemand Friedrich Hölderlin dans une langue absconse pour le commun des mortels.
C'est aussi, et entre autres, un chien vivant qui avale les langues des demoiselles qui se sont automutilées et un cheval naturalisé gisant au sol rappelant les oeuvres du plasticien italien Maurizio Cattelan, une étonnante scène de naissances en chaîne et un maelstrom de cendres noires dont émerge une figure révélée, christique visage féminin au yeux clos.
De la solitude du spectateur au fond de son fauteuil... |