Après cette première journée des Trans nouvelle formule, le constat est
mitigé : en raison de l'absence d'une réelle tête d'affiche et malgré
d'excellents groupes, il semblerait que le public ait quelque peu boudé le Parc
des Expositions.
Est-ce que les vieux de la vieille ont préféré ne pas se
rendre en dehors de la ville ? Ont-ils préféré festoyer de manière toujours
délicate rue St-Michel ? Toujours est-il que les organisateurs
tiennent leur promesse : la programmation permet une véritable immersion dans
la musique. On peut passer en quelques pas d'un dj set déglingué à une
projection de diapos mise en musique en passant par un guitariste norvégien large comme une contrebasse. En
gros les Trans, ce n'est plus forcément le joyeux (?) foutoir du centre ville.
C'est devenu un festival un peu plus comme les autres. Sauf evidemment pour
l'eclectisme et l'originalité de la programmation.
Nous voici donc vendredi, journée qui affiche complet depuis quelques semaines
grâce, en partie, aux Beastie Boys.
Pour le premier groupe sur scène, Hip Drop, à 17h30, le programme ne nous a pas menti.
Cette formation originale mêlant tuba, guitare et batteries 'portatives' semble
plutôt venir de la Nouvelle Orleans que de la capitale de la Bretagne. Si l'on
rajoute à cela la charismatique chanteuse, aux accents soul, on obtient avec ce groupe un démarrage de la soirée moins rock que la veille mais tout aussi
intéressant.
Place au trio de Sweet Back dont le premier morceau laisse planer un doute. Ne sont-ils pas un groupe de jazz comme les autres ? Non... Plus le concert avance et plus la musique se fait pressante, avec des attaques
puissantes du saxophone alliées à des explosions de la part de la contrebasse.
On touche, sur certains morceaux, au post rock avec un petit goût de Morphine dans
l'utilisation du saxophone. L'ensemble est d'une grande richesse et le renouvellement est permanent : dès les
morceaux suivants, on change encore de style.
Dans le Hall 4, encore une bizarrerie dont le festival a le secret : Mahjongg propose un rock teinté d'électro et rempli de malices et d'inventité. Des
breaks, des changements de rythmes, deux batteries, des instruments qui se
prêtent, s'echangent et une chanteuse extravertie qui passe du violon aux percussions entre
deux marches sur les genoux.
Impressionnant bonhomme fluet, pieds nus seul avec sa guitare tout d'abord, puis accompagné par un bassiste-violoncelliste, Nosfell remplit la scène de sa voix incroyable. Tantôt enfantine, diabolique ou boite à rythme ... elle nous plonge dans un univers tout particulier où on parle le Klokobetz, langue étrange qui sonne d'inspiration japonaise. Poète et comédien, Nosfell joue sur scène avec son visage et son corps et reste crédible dans tous ces rôles.
Si le concept était intéressant, Lars Hornvet, musicien de Jaga Jazzist, a quelque peu
raté son coup. Certes il est impressionant de le voir maitriser tous les
cuivres qui passent à sa portée, il est intéressant de voir l'orchestre intepreter ses partitions, mais il faut avouer que l'ensemble, dans le style classique/electro, ne donne finalement pas de grands frissons.
Scène 5 c'est maintenant Rao Trio, un trio de jazz espagnol mené par un virtuose de la vielle à roue : German Diaz ici acompagné d'une batterie, d'une basse et d'une clarinette basse. Les espagnols nous livrent un set ryhtmé et motivant qui fait bouger et permet ainsi de mieux découvrir ce genre d'instruments peu courants.
La scène est toute rouge pour les 8 canadiens de The Hidden Cameras. 8 gars et filles "contents d'être heureux d'être au monde". Avec cette musique on laisse toute morosité au vestiaire et on saute partout ! De la contrebasse au xylophone en passant par des synthés en tous genres, tout mène à la danse insouciante sur des rythmes pop très 60's. Insouciante ? la musique oui mais les paroles sont, elles, teintées d'un vrai message gay friendly, dénoncant les difficultés vécues par cette communauté encore aujourd'hui.
The Sunday Drivers ou les "6 garçons dans le vent" , qui nous livrent de sympathiques mélodies rock, casquettes gavroche bien ancrées sur la tête. Le public n'est pas nombreux pour les voir, tout le monde étant à cette heure entassé dans le hall 9. Mais les présents ne sont pas les moins motivés et reprennent en choeur les rangaines entraînantes. L'ambiance est restée chaleureuse et bon enfant jusqu'au "Kénavo" du guitariste espagnol.
Le hall 9, justement que se passe-t-il dans ce hall 9 ? Il faut bien qu'ils s'appellent les Beastie Boys et qu'ils soient des mythes du hip hop pour que ces trois blancs becs maigrichons déchaînent autant de passion dans le hangar accueillant 10000 personnes. La sécurité est débordée par la foule et jugule tant bien que mal (surtout mal) les photographes et autres médias qui se battent pour photographier les 3 gaillards en jogging. Quelques petits couacs sur le début mais finalement tout rentre en ordre et le concert se déroule sans problème. C'est du classique : une partie hip hop avec ce qui a principalement fait leur succès, et une seconde partie, beaucoup plus intéressante, où les Beastie Boys jouent et font de magnifiques instrumentaux.
Est-il ncessaire de parler de Republic of Loose, un peu trop surestimés, avant de rentrer à la maison ? Pas forcément, autant garder des forces pour demain !
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