Il y a des gens qui croient que la pop music est l'apanage de jeunes mectons frangés et embarbés ou des vioques ensimon&garfunkelisés. Il y a aussi des gens, franchement à côté de la plaque, qui s'imaginent que la pop est nécessairement sirupeuse, parle d'amour qui collerait comme collent les doigts après une tartine de confiture trop garnie. Je fais un peu partie de ceux-là, je dois bien l'avouer.

Pourtant, Damien Rice, pourtant Tom McRae, pourtant tant de songwriters, le temps d'une chanson, d'un album, ou même plus, ont déjà su démontrer l'ineptie de ces clichés. Pål Moddi Knutsen semble faire partie de ceux qui continueront à le démontrer.

Glabre, sans mèche ni jean slim, sans costume trop grand pour lui sentant la naphtaline, ce jeune norvégien a bien failli devenir hype dans son pays et donc bankable et mainstream partout dans le reste du monde où existent des supermarchés culturels. Heureusement pour nous, il a su se méfier des trompettes de la renommée et faire retraite dans une cabane perdue au fin fond de la Norvège. En résulte Set the house on fire, deuxième album délicat qui succède avec style à Floriography (2011) en conservant tout ce que sa musique avait d'intimiste.

Avec sa voix feutrée pleine de malice, Moddi excelle dans l'art de composer des chansons jolies, menées par sa guitare, mises en valeur par de luxuriants arrangements où les cordes tiennent le haut du pavé. Gentillettes, certainement. Mais pas seulement. Que l'on mesure le grand écart entre "House by the sea" et "The architect" ou "One minute more", par exemple (qui n'est pas loin de nous refaire le coup du sidérant "Rubbles", dont la rage soudaine brisait la langueur du précédent album). Amplement de quoi enrichir votre vision de la pop.