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Café de la Gare  (Paris)  mai 2013

Fiction théâtrale écrite par Jean-Louis Debard, mise en scène de Bruno Boussagol, avec Noémie Ladouce, Véronique Pilia, Patrick Gay-Bellile, Jean-Louis Debard et Bruno Boussagol.

Structure de réflexion, de proposition et de réalisation d'actes artistiques engagés dans la vie sociale, politique et économique, la Compagnie Brut de Béton, fondée par Bruno Boussagol, a inscrit dans son champ d’intervention la thématique et la problématique liées aux risques majeurs liés à l'utilisation du matériel nucléaire "pudiquement" qualifiés d'accidents nucléaires.

A la suite notamment de la catastrophe de Tchernobyl, son engagement s'est concrétisé par plusieurs spectacles ("Elena ou la mémoire du futur", "Tchernobyl now", "Le sacrifice", "Zone interdite", "Le petit musée de la catastrophe") et l'expédition sur place de "la diagonale de Tchernobyl".

Vingt-cinq après Tchernobyl, et malgré la récente catastrophe de Fukushima, la France n'envisageant même pas d'explorer la voie de la sortie du nucléaire, la compagnie a initié un nouveau spectacle percutant intitulé "L'impossible procès" qui, pragmatique et didactique, dresse un état des lieux à la factualité implacable et sans concessions qui, nonobstant sa forme théâtralisée, plonge le spectateur dans la stupeur et l'effroi.

La compagnie n'a pas opté, à l'instar de Nicolas Lambert avec "Avenir radieux - une fission française", pour le théâtre documentaire mais pour une fiction théâtrale avec un texte écrit par Jean-Louis Debard qui, subtilement, à partir d'un scénario-catastrophe, celui du crash d'un avion de ligne sur une centrale nucléaire, use du procédé de la confrontation judiciaire pour mettre au banc des accusés l'Etat français en la personne du Très Haut Commissaire à l’Energie Nucléaire Civile.

Procès utopique, bien évidemment, qui, en l'espèce, est mené à la manière du satirique "Tribunal des flagrants délires", qui faisait les délices de la pause méridienne des auditeurs de France Inter au début des années 80 avec l'humoriste Pierre Desproges en procureur, ce qui n'est pas incompatible avec le sérieux, la pertinence et l'impertinence des propos tenus. Ainsi, Noémie Ladouce délivre des intermèdes interactifs parfois cocasses tel le quizz nucléaire qui dynamisent l'écoute.

S'agissant de la partition, Jean-Louis Debard, à l'écriture, réussit une véritable performance en délivrant de manière synthétique et particulièrement documentée tous les tenants et aboutissements de ce procès sans appel du nucléaire.

Il rappelle de façon édifiante les véritables raisons qui ont présidé, sous couvert de politique d'indépendance nationale et énergétique, à la mise en place de la politique nucléaire française à l'issue de la Seconde guerre mondiale par le général de Gaulle alors au pouvoir, à savoir la préoccupation mégalomaniaque d'un militaire nationaliste pour le prestige militaire et la suprématie française, le fleuron de l'Europe, capable de produire "le kilowatt le moins cher du monde", mensonge éhonté car le moindre coût du prix de vente au particulier était dû à l'injection massive de subventions publiques.

Est stigmatisée l'incurie criminelle qui préside dans tous les domaines, de la construction au démantèlement des centrales nucléaires, la gestion des déchets, et de la prévention des risques à la gestion des accidents, en raison de l'approche probabiliste des risques confortée par le fameux rapport Rasmussen, dont le mentor était chef du Département d’ingénierie nucléaire au Massachusetts Institute of Technology mais également conseiller pour une firme spécialisée dans les relations publiques de l'industrie nucléaire, tout en se défaussant, en cas d'accident majeur, sur l'absence de risque zéro.

Enfin, et surtout, sont dénoncés l'inféodation du pouvoir politique aux intérêts financiers des groupes industriels spécialisés dans les métiers du nucléaire, le centralisme technocrate de l’Etat, le lobby nucléocrate qui gangrène les institutions nationales intervenant dans le nucléaire, au demeurant juge et partie, et les instances internationales telle, par exemple, l'Organisation Mondiale pour la Santé qui opère des analyses à géométrie variable des paramètres de dangerosité et des conséquences sanitaires qui entraînent des des déclassements opportunistes.

Le président, interprété par Patrick Gay-Bellile à la bienvenue faconde, illustre l'impuissance de la justice coincée entre un prévenu représentant à casquettes multiples de toutes les instances intervenant dans le nucléaire civil qui, quasiment mutique, se retranche derrière le secret d'Etat et le secret défense, récuse toute contestation des données officielles comme autant de propos malveillants et de projections chiffrées délirantes et s'exonère de toute responsabilité ua nom de sa fidèle à la Nation "Notre mère la France" et une procureure qui connaît son dossier sur le bout du doigt et ne lâche rien.

Bruno Boussagol campe parfaitement tant l'imbécilité et l'incompétence des fils de famille à particule nourris au doux lait de l'Action française qui ne doit son poste qu'à sa lignée de grands commis de l'Etat que la suffisance, l'arrogance, la désinvolture et le cynisme des technocrates intouchables de la caste des grands corps de l'Etat.

Pour son rôle d'avocat de la défense, Jean-Louis Debard n'a pas manqué d'exemples puisés dans la réalité et le petit monde infatué des ténors du barreau passés maîtres dans les effets de manche.

Quant à Véronique Pilia, remarquable, elle constitue la clé de voûte de ce spectacle puisque lui incombe le poids de l'accusation. Elle incarne avec beaucoup de justesse et de conviction la pugnacité de la raison et du bon sens tout en dévoilant toutes les réticences, falsifications et mensonges qui accompagnent "l'aventure de l'atome" et démontant pièce par pièce la manipulation de l'opinion publique soumise à la politique de la carotte ("EDF is beautiful") et du bâton ("le nucléaire ou la chandelle").

A l'issue de cet excellent spectacle, rondement mené sous la direction de Bruno Boussagol à la mise en scène, nul ne peut invoquer l'ignorance quant aux enjeux du débat. Il est vrai, comme le dit un des personnages, qu'il est bien difficile d'ouvrir des yeux qui n'aspirent qu'à se fermer.

Mais les officiants de cet impossible procès ne sont pas des acteurs qui cachetonnent mais des comédiens engagés et des citoyens militants qui ont pris leur bâton de pèlerin pour porter ce spectacle dans une tournée itinérante - qui passera par le Festival Off d'Avignon - pour éveiller ou réveiller les consciences désemparées, désenchantées et démotivées.

A bon entendeur, salut !

 

MM         
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