(Le collectif) Yeepee sort un nouvel album, Les heureux accidents, qui se propose de revisiter leurs compositions des dix dernières années. Emmanuel Pidoux, multi-instrumentiste insatiable (guitare, basse, percussions, scie, claviers, piano) est accompagné d'Elsa Sihvola et Wilja Rosenberg aux choeurs, de Benoît Diédrich à la batterie, de Damien Combes aux guitares électriques, de Nicolas Boudes au piano électrique et de Joseph Roumier au violoncelle.
Les morceaux sont comme projetés dans un entre-deux, univers onirique, inconscient. L'étrange familiarité se cache dans les rambardes d'autoroutes, dans l'obscurité hivernale, dans la nature abandonnée. Des âmes comme des brumes se déploient dans ces chants traînants, déformants comme des objectifs, qui manqueraient d'objectifs, qui erreraient au hasard. Emmanuel Pidoux s'est-il inspiré de Zach Condon de Beirut pour ce chant si particulier qui étire les mots, qui assouplit les phrases ?
Le projet est inhabituel pour un groupe français. Ils ne sont pas tant à favoriser les ambiances atmosphériques et le travail plus formel. Cette recherche exigeante du collectif Yeepee produit un disque aux mille et un détours, intemporel qui se renouvelle à chaque écoute. Entre chien et loup, sur les routes vides de toutes folies publicitaires aux injonctions perfides : "Think different" ou "Come as you are", vous serez accueilli ou cueilli par ces mélodies tranquilles qui annoncent certainement des temps moins cléments. (Le collectif) Yeepee installe un "Pique-nique au bord du Pacifique", comme une allusion à Marguerite Duras et Un barrage contre le Pacifique : symptôme de la folie de la mère. Il préfère "Un bonheur dépouillé" : voilà des indices d'un quotidien retourné.
Retors aux tentatives de classification, (Le collectif) Yeepee et son album Les heureux accidents sont une belle découverte. |