Quand je pense que je n’arrête pas de me la péter à grand coups de "Clermont est la capitoule du rock les z’amis ! Contre Bordeaux ! On est les plus forts !" Et dire que l’info date de 2008… Mais elle est bien évidemment toujours d’actualité (et tant mieux !). De plus, l’annonce permet encore à des groupes tels que Télégraphie de faire du bon rock à la française, avec ce qu’il faut de classe et de crânerie pour que ce soit sexy.
Quatre bonhommes issus de diverses formations clermontoises : Arnaud Ranty, Yannick Saunier, Jérôme Ranty et Seb Herraiz sortent leur premier album-ette (c’est le nom pour un petit album de 30 minutes), Adieu Marquise, qui m’a fait penser à Dolly en moins aigu et en plus cérébral. D’un autre côté, quand on arrive à intégrer un extrait de L’étranger de Camus (traumatisme d’un cours de lettres transformé en amour des belles lettres) en guise de titre "interlude" au beau milieu d’un album, et bien il faut bien se douter que ces jeunes là ont un peu de plomb dans la tête ("Adieu Marquise"). Idem pour "Le Mauvais photographe", extrait du Funambule de Jean Genet.
Ils aiment donc les mots autant que la musique, il ne m’en faut pas plus pour me trouver des affinités avec eux. Ajouter à cela que Télégraphie a l’audace de concentrer du miel en 10 petits titres qui ne gardent que la substantifique excellence de la moelle de leur art. Des guitares hurlantes et des voix graves, des basses rythmiques pour faire se retourner les cœurs un tantinet sensibles et la double voix des Ranty tantôt hypnotisante, tantôt martelante pour le chant.
Nous voilà arrivés aux textes, que je qualifierai d’identitaires, évocateurs de voyages, de départs, de passé, de futur… et de mort. Je ne sais pas lequel des quatre tient la plume, mais il réussit à nous raconter sur tout cela sans afficher de pessimisme dépressif. Un genre de Woody Allen ou d’Oscar Wilde un brin fataliste qui dirait que de toute manière, on ne survit pas à la vie, on finira tous morts sous les mètres de poussière (ou un truc dans le même ton, à prononcer avec un sourire au coin des lèvres).
A la fois sombre et énergique, Télégraphie est une bande son qui interpelle le commun des mortels par sa franchise et sa parfaite complémentarité mots/notes, l’un ajoutant de la valeur à l’autre. Comme quoi, ça existe bien des rockeurs qui savent aligner clairement leurs pensées. Non mais. |