Invité spécial de France Culture, abonné aux Mozart show, adepte de la musique de chambre, calme et sophistiqué, nous voilà dans le monde de la musique classique, maîtrisée par une catégorie de personnes passionnées, méprisée des autres, intimidante pour moi.
Fabrice Ravel-Chapuis nous a écrit un poème orchestral dans Le Cabinet de Curiosités, "une évocation rêvée du fourmillement artistique du tournant du siècle dernier où venaient s’entrechoquer les ultimes soubresauts d’un sombre romantisme, le symbolisme, l’ésotérisme, et les débuts de la psychanalyse. Une invitation au voyage".
D’accord. Avec l’invitation au voyage. Parce que quoi qu’on en dise, les envolées lyriques du genre classique sont présentes au quotidien pour la population un minimum écran-phage. Que ce soient les pubs, les génériques de films, les scènes épiques, les plans de coupe sur paysage grandiose, et même les machines à laver ont leur morceau de musique classique associé.
N’ayant pas l’oreille suffisamment exercée pour distinguer l’ensemble des instruments paradant dans Le Cabinet de Curiosités de Fabrice Ravel-Chapuis, je me vois dans l’obligation de vous citer la "capacité d’évocation immédiate" du dyptique. Parce que l’album est double. En Danger est la version instrumentale de l’opéra parlé Il manque une pièce, garantissant un grand moment de noirceur. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris de l’écouter par une nuit de pleine lune, sur le chemin du retour de la City, lors de la magique traversée d’un mystérieux bois, suffisamment plongé dans le clair-obscur pour que j’y discerne tout un tas de bestioles étranges et maléfiques dont le seul dessein était de se planquer derrière les ombres pour me sauter dessus à la moindre occasion. J’ai dû faire un constat avec un tronc d’arbre.
La suite est donc Le Cabinet de Curiosités, dans lequel ma curiosité m’a poussée à fouiner dans ce grenier seulement accessible par le placard du fond du couloir, après avoir crapahuté dans une série de marches hautes et étroites (et poussiéreuses tiens !), je suis arrivée au beau milieu des étagères du cabinet. Et là, et bien, que des bizarreries, des loufoqueries, au beau milieu d’extravagantes théières et de perruques baroques, d’insolites tuiles et de singulières choses flottant dans un curieux liquide, sans compter les monstrueuses ossatures de je ne-sais-quoi…
Comment ça ? Je n’y connais rien ? Bien non, pas du tout, mais ça ne m’a pas empêché d’écouter ces morceaux avec ma sensibilité (un peu étrange, je vous l’accorde). A vous d’y entendre le mouvement minimaliste et répétitif du quartet de Ravel-Chapuis, à vous de parenter la musique avec le baroque de Michael Nyman, à vous de dissocier les échos de pianos et de cordes… |