Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Un Bonheur Parfait
James Salter  (Editions de l'Olivier)  juin 2013

Connaissez-vous James Salter ?

Les Editions de l'Olivier rééditent depuis la rentrée les écrits, romans et récits autobiographiques de ce styliste foudroyant, à l'écriture d'une sensualité extraordinaire.

Un Bonheur Parfait (Light Years, 1975) nous plonge dans la vie d'un couple, d'une famille, d'une tribu d'amis, un segment d'une vingtaine d'années que l'on suppose commencer à la fin des années 50 mais qui nous paraît incroyablement actuel, si l'on excepte l'absence de Twitter et des téléphones portables.

Viri est architecte. Il rêve de grandes réalisations, de laisser une trace et commence à se voir en Gaudi, mais le Gaudi fauché des derniers jours, un Gaudi qui n'aurait rien accompli. Nedra vit dans leur grande maison, au bord d'une rivière, à une petite heure de New-York. Ils ont deux filles, Franca et Danny. C'est l'été. La maison est traversée par des amis, on y dîne au soleil, on y boit du Cognac au coin du feu. "De loin, la maison ressemble à un navire sombre, immobile, toutes les fenêtres sont inondées de lumière."

L'écriture de Salter nous saute au visage, s'agrippe en nous, nous peuple. Comme chez James Lee Burke, dont il est peut-être le Maître, les phrases, les sensations sont traversées, sublimées par une langue précise et sensuelle, d'une justesse bouleversante, des saveurs qui éclatent, des coups de poings au ventre. Mais contrairement aux polars trépidants de Burke, Salter s'affranchit des contraintes de récit narratif. On fait un bond dans le temps, une page blanche et 10 mois, 10 ans ont passé, un lit défait, une table que l'on n'a pas débarrassée après le déjeuner, noyaux de pêches dans les assiettes, rondelles de citrons séchées sur les soucoupes des tasses de thé, les prénoms tardent à revenir, les personnages ne sont plus que "il", "elle", leurs visages ne réapparaissent que plus tard, grandis, vieillis, un cancer et un divorce plus tard...

Les temps et les lieux glissent au sein d'une même phrase. Imparfait et présent se confondent. On bascule d'un après-midi hors-mariage dans un appartement new-yorkais à l'intimité du foyer, le soir venu, enfants sur les genoux. La vie semble se dérouler dans un présent permanent, dans une écriture qui fonctionne beaucoup par plans, par séquences. Salter a un art du montage très cinématographique - il a d'ailleurs fait un passage à Hollywood où on l'imagine aussi à l'aise, observateur acéré, que le double de Fante de Mon Chien Stupide. Il y a écrit des scénarios, participé à l'adaptation de ses récits de guerre (il a été pilote de chasse pendant la guerre de Corée), et même tourné un film dont la bobine, aujourd'hui, semble perdue, oubliée.

On se prend à imaginer Un Bonheur Parfait comme un film réussi de Terrence Malick, naturaliste, patient, mystique à hauteur d'homme, en empathie, jamais misanthrope, jamais plus malin que ses personnages.

A deux reprises un narrateur, peut-être Salter lui-même, apparaît de façon déroutante, comme si son empathie pour ses personnages était plus forte que lui : "Ils divorcèrent à l'automne. Je regrette que cela se soit passé ainsi."

On se promet de noter quelque part où on les retrouvera toutes les phrases qui nous ont bouleversé, pages cornées, crayonnées... Sauf que cette fois, on le fait vraiment :

"Le coeur bat dans les ténèbres, inconscient comme ces animaux au fond des mines qui n'ont jamais vu la lumière du jour. Il n'a pas d'obligation de fidélité, pas d'espoirs, rien qu'une tâche."

"Son visage avait cette expression de résignation maussade qu'ont les filles qui étudient des matières dont elles ne voient pas l'intérêt, les filles trahies par les circonstances, obligées de travailler le dimanche, les filles dans les bordels, à l'étranger. Un visage qu'on pouvait adorer."

A écouter : le podcast de l'émission Répliques (Alain Finkielkraut, France Culture) qui lui a été consacrée le 21 septembre avec, comme invités, deux de ses admirateurs, Eric Neuhoff et Frédéric Beigbeder.

 

Thomas Boudineau         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=