Impossible de ne pas
connaître Merri ! Télé,
cabaret, théâtre, il est partout. Avec "Attention
: un voisin près de chez vous! ", il signe sa
première pièce qui se joue actuellement au Théâtre
Michel, une pièce décapante sur les troubles du voisinage.
Merri est un passionné et un boulimique de travail au point
de jouer au moins deux spectacles par soir tout en trouvant le temps
d'écrire et de veiller aux destinées de son théâtre
Le Triomphe. Et pourtant, il a tout de suite accepté et trouver
le temps de nous recevoir.
On voit souvent votre visage à la télévision,
sur les affiches de spectacles, mais qui est Merri ?
Merri : Je suis un comédien qui est actuellement
à l’affiche d’une pièce "Attention
: un voisin près de chez vous" qui se joue au Théâtre
Michel et un spectacle "La messe" au Théâtre
Le Triomphe dont je suis le directeur.
Comment êtes-vous venu au théâtre,
au spectacle, sur scène ?
Merri : Par hasard, par Philippe Bouvard. Ce n’est
pas du tout une vocation. C’est Philippe Bouvard qui m’a
repéré et poussé à jouer.
Et pourquoi avez-vous persévérer
?
Merri : Parce que ça a marché (rires).
Certes, mais cela vous plaisait-il ?
Merri : Oui. Mais comme
j’avais déjà des personnes de ma famille
qui était dans le métier de comédien, ce n’était
pas un truc rêvé. Je ne faisais pas partie des gens
qui rêvaient de jouer la comédie et qui ne vivaient
que pour ça. Etre sur scène ne m’attirait pas
spécialement.
Les débuts c’était l’écriture
de sketches ?
Merri : Oui. J’écrivais pour l’équipe
de Bouvard. Comme mes textes le faisaient bien rire, il a demandé
à rencontrer l’auteur. Et un jour il m’a forcé
à remplacer un comédien au pied levé. Il a
tellement insisté que je l’ai fait. Les gens ont ri,
ça a fonctionné et à la fin, il m’a demandé
ce que je faisais. A cette époque-là, j’avais
une société et j’étais mon propre patron.
Donc je lui ai dis que j’étais disponible et il m’a
engagé comme comédien. Et c’est une offre qu’on
ne peut pas refuser !
Votre actualité c’est la pièce
que vous avez écrit et que vous jouez "Attention un
voisin près de chez vous". Quelle est sa genèse
?
Merri : Le thème est universel car nous
avons tous un voisin. Un voisin de palier, un voisin au restaurant,
etc…Et ce voisin peut vous embellir la vie mais aussi vous
la gâcher. L’idée m’est venue de ma situation
personnelle car j’habite une rue où tous les voisins
sont des copains. Il se passe plein de choses. Mais comme toujours,
il y a un ou 2 chieurs qui ne supportent pas qu’on soit amis
et bien sûr le voisin qui a un chien qui gueule en permanence
pour rien, un chien con. Et si le chien est un emmerdeur, ce n’est
pas un hasard. Son propriétaire est souvent un emmerdeur
aussi.
Dans la pièce, le voisin et son chien sont
des arlésiennes.
Merri : Oui. Le sujet est un nouvel occupant de
l’immeuble qui se trouve piégé par ses voisins
de palier qui sont extrêmement gentils au départ mais
dont le seul but est de le faire partir au plus vite car ils ne
supportent pas les autres. Ce sont 2 malades.
Vous jouez également dans cette pièce.
Vous écrivez toujours pour vous ?
Merri : Dans un one man show, oui, parce que sinon
il n’y aurait personne sur scène (rires). Mais sinon,
j’écris souvent pour les autres. Je n’écris
pas dans le but de jouer. Ce n’est pas une priorité.
Pourquoi avoir choisi de monter cette comédie
au Théâtre Michel et non dans votre théâtre
?
Merri : D’une part, parce que la programmation
au Triomphe était complète mais aussi parce qu’il
s’agit de la première pièce que j’écris.
Donc je voulais un avis extérieur. J’ai donc proposé
à Monsieur Camoletti, le directeur du Théâtre
Michel, de faire une lecture et cela avec les comédiens qui
jouent actuellement mais que je ne présentais pas du tout
dans ces rôles. Et après la lecture, il m’a dit
: Je la prends. Et comme elle m’est présentée
c’est-à-dire avec les comédiens que je viens
de voir.
Donc c’était très rapide.
Les comédiens étaient disposés et disponibles
pour la jouer aussi rapidement ?
Merri : Oui.
Pourquoi ne les voyiez-vous pas dans le rôle
?
Merri : Tout simplement parce qu’on se fait
des idées quand on écrit des personnages. Mais en
même temps, on n’a pas un regard extérieur. Et
finalement, ils fonctionnent bien. Le trio marche bien. Comme quoi
!
Vous avez changé de format. C’est
une comédie mais axée autour du burlesque.
Merri : C’est un mode d’humour qui
me fait beaucoup rire. J’aime Shirley et Dino, Louis de Funès,
les gens qui font du burlesque. J’aime ceux qui font du visuel.
Je n’ai rien contre les comiques qui ne font que parler mais
cela passe mieux à la radio qu’à l’image.
J’aime bien que le registre soit adapté au média.
Sur scène, voir quelqu’un, qui peut être très
très drôle, mais derrière un pupitre qui lit,
pour moi ce n’est pas indispensable qu’il fasse de la
scène.
De plus, j’ai un physique que je ne peux
pas ignorer. Je mesure 1m95, je suis pas très gros, j’ai
une tête de tortue (rires) donc je m’en sers. Je m’en
amuse. Comme on a un physique drôle mieux vaut en rire. Et
ce qui est formidable c’est que Camoletti qui avait une programmation
assez classique pour le Théâtre Michel, 40 ans de Boeing-Boeing,
tente le drop de changer de registre.
Le registre du burlesques est complètement
ignoré en France alors que le public en raffole. D’où
le succès de Shirley et Dino. Et pourtant, ils existent depuis
des années, notamment avec "Achille Tonic", qui
faisaient le plein mais il a suffit de la médiatisation pour
que ça explose ! Ainsi au Canada, je fais des salles de 3
000 personnes. La télévision ne consacre aucun espace
au burlesque. Parfois, il y en a mais qui vient très rarement
de France. Il y a eu Benny Hill, Mister Bean. Et ça cartonne.
Et dans les deux, il y a très peu de texte. Ce n’est
que du visuel.
Il y a donc une vraie demande du public mais cela
n’intéresse pas les professionnels. Il n’y a
pas un producteur en France qui produit du burlesque. Il y a du
comique de texte, des boysband du comique avec des mecs un peu mignons
mais les comiques qui aiment grimacer, déconner, faire des
roulades, il n’y en a pas. Et pourtant ce n’est pas
un registre has been. Je vois ici au Triomphe que cela plaît
aux gens de 7 à 77 ans comme Tintin ! Ce n’est pas
un hasard ! Et ce qu e l’on entend dans la salle c’est
du vrai rire spontané ! Ce n’est pas du houhou intellectuel
mais du hahaha !
La transplantation en quelque sorte au Théâtre
Michel est-elle réussie ?
Merri : Il y a 2 choses. C’est d’abord
un vrai pari. D’abord que la pièce est représentée
à 19 h qui est un horaire qui n’existait pas, que l’on
découvre et que j’ai également adopté
au Triomphe. Et puis parce que ce style de comique n’existait
pas au Théâtre Michel.
Passe Delphine Sagot, comédienne,
qui joue également dans la pièce avec un petit chien
qui s’appelle Typhus….comme dans la pièce.
Merri : Donc pour le moment, ça va bien.
Quelle est la programmation prévue ?
Merri : Jusqu’à la fin des fêtes.
Ensuite, le spectacle sera repris au Triomphe. Christophe Camoletti,
le fils de l’auteur Marc Camoletti, et sa femme Ariane qui
ont pris le théâtre savent que nous ne sommes pas des
stars, donc nous n’avons pas une grosse promotion, et que
la création d’horaire et le changement de programmation
demandent un peu de temps pour faire leurs preuves. Comme nous n’avons
pas la première grosse machine qui est la programmation,
il nous faut la seconde qui est le temps.
Et le temps nous donne raison puisque le nombre
des spectateurs est en augmentation constante. Mais on ne peut pas
remplir en 8 jours parce que les pièces qui remplissent en
8 jours sont celles qui bénéficient de 3 promotions
télé à 20h30. Et nous constatons que le public
du Théâtre Michel qui est un peu classique est surpris
mais toujours heureux. Car le public retrouve dans la pièce
la mécanique du boulevard.
Vous êtes un boulimique du théâtre
puisque vous jouez donc à 19 h Attention un voisin près
de chez vous puis vous jouez un deuxième spectacle La Grand
messe à 21 h au Triomphe. Comment faites-vous ?
Merri : Je prends une moto ! (rires). C’est
une habitude parce que j’ai fait beaucoup de cabaret. Et à
23 h je suis au Don Camillo ou à La main au panier ! et parfois
aux deux !
Effectivement, comme dans la grande tradition
!
Merri : Cela fait 4 heures de scène par
soir. Quand j’ai commencé, je faisais 5 cabarets par
soir. Poiret et Serrault faisaient du cabaret et jouait au théâtre.
Ils étaient de cette famille du burlesque. Aujourd’hui,
même l’intelligentsia reconnaît le talent de Michel
Serrault mais il n’en demeure pas moins un clown, un des rares
mecs capables de se mettre en caleçon au journal de 20 heures.
Et ça c’est du burlesque !
Parce qu’il est de cette école comme
l’étaient Jean Yanne, Jacques Martin. Ce sont les vrais
saltimbanques du spectacle. Ce qui les amuse c’est de s’amuser
et d’amuser le public ! Et je suis dans cette lignée.
On fait des numéros dans les cabarets. Et je pense qu’un
vrai burlesque a plus de facilité à tirer une larme
à quelqu’un qu’un comédien dramatique
à faire rire.
Etre le directeur du Théâtre le Triomphe
doit être une sacrée aventure. Comment choisissez-vous
la programmation ?
Merri : Nous avons créé ce théâtre
il y a 4 ans Il y a plusieurs facteurs dont le facteur économique
qui est une réalité incompressible et que l’on
ne peut ignorer. Donc il y a la location de salle pour assurer un
minimum. Nous avons beaucoup d’horaires aussi et donc 12 spectacles
en ce moment. Le choix est toujours personnel. Ce sont des choses
qui me font rire.
Dans votre registre ?
Merri : Ah non, pas du tout ! Le choix est subjectif
mais le point commun est l’humour. Mais l’intelligence
d’une programmation est de proposer des choses variées
et des formats différents (duo, one man show, pièce).
Nous avons une clientèle d’habitués qui prennent
plusieurs spectacles car ils savent qu’ils vont rire. Ils
passent toute la soirée ici parfois le samedi jusqu’à
2 heures du matin puisque nous avons une formule "Les after
du rire" que nous faisons avec Rire et chansons avec toutes
les générations de comiques confondues.
Nous avons des anciens, comme PIerre Douglas, qui
sont excellents et qui restent nos maîtres, et puis nous avons
es petits jeunes de 17 ans qui font leur première scène.
Nous ne pratiquons aucun racisme ni dans l’âge ni dans
l’humour. Je prends de tout et plus le plateau est varié
plus je suis content. Et la salle aussi est variée.
Et aujourd’hui, la fréquentation
permet donc de faire vivre ce théâtre ?
Merri : Oui. Et nous avons su fidéliser
le public. Comme un label. Et puis le quartier de la Contrescarpe
avec tous ses restaurants permet vraiment aux gens de passer toute
la soirée sur place. Et pour le spectacle La grand messe,
qui est un peu spécial, nous avons des fidèles qui
reviennent plusieurs fois car il s’agit d’un spectacle
interactif comme une vraie messe ! Et pour certains c’est
un spectacle culte (soit dit sans jeu de mots !)
Quels sont vos projets ?
Merri : 15 jours aux Caraïbes à ne
rien faire ! (rires) Non, je plaisante. C’est beaucoup de
boulot mais c’est plaisant donc ce n’est pas du travail.
C’est le seul métier où quand on va travailler
on dit : "On va jouer !".
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