Pour ceux qui ne connaissent pas encore cet américain hyperactif, Luke Temple enchaîne depuis plusieurs années maintenant les albums avec son groupe Here we Go Magic ou en solo, réussissant par la même occasion à s'attirer la reconnaissance d'autres électrons libres de la scène musicale comme Grizzly Bear, Nigel Godrich ou Thom Yorke.
Luke Temple n’est pas du genre à passer des mois en studio à la recherche du son parfait ou à peaufiner l’arrangement qui claque, et davantage encore sur ses disques solo où l'absence de compromis et de discussion avec les membres de son groupe lui donne encore plus de liberté. Car c'est bien de liberté dont il s'agit. Avec Good Mood Fool, Luke Temple s’éloigne de la veine folk qui irriguait ses précédents albums pour explorer les terrains de la soul et du funk ; mais avec sa vision personnelle, artisanale, à l’image du single "Katie" où sa voix donne sa pleine mesure dans ce registre.
Ne pas s’attendre à une production luxuriante ou à une profusion d’instruments, ici on ne retient que la moelle, l’essence de ces nouvelles influences et surtout pas la grandiloquence ou le vernis tape-à-l’œil. Si le son est dans l’ensemble synthétique, les chansons restent authentiques, spontanées et accrocheuses.
La limite de Luke Temple, son dilettantisme, dilapide parfois le potentiel de certains titres comme "Florida" à la limite du larmoyant ou "Jessica Brown Findlay", trop répétitif et sans aspérité. Mais surtout, son talent, l’absence de retenue et cette fausse simplicité illuminent la majorité des compositions. On retiendra l'entraînant morceau d’ouverture "Hard Working Hand", la montée en puissance du magistral "Love Won’t Receive", on s’autorisa quelques pas de danse robotiques sur "Those Kids", avant d’être happé par un "Sue" bouleversant. Au final, Luke Temple réussit avec brio cette exploration de nouvelles influences, probablement déjà prêt pour de nouvelles aventures sonores. |